L'avis d'Anouk :
"Là où j'ai laissé mon âme", le précédent roman de Jérôme Ferrari, l'avait installé parmi les jeunes auteurs qui comptent. Avec "Le sermon sur la chute de Rome", Ferrari confirme qu'il est décidément un auteur majeur de sa génération. Le roman est bref, mais vaste son ambition: le "Sermon" joue sur plusieurs registres, de la chronique familiale au roman à thèse, de l'évocation du passé colonial français à celle d'un café perdu dans un village corse. En reprenant ce café, deux amis d'enfance, jeunes philosophes, veulent y recréer le meilleur des mondes cher à Leibnitz. Ils ne savent pas, ou feignent ne pas savoir, que les mondes sont inéluctablement voués au pourrissement et à l'anéantissement. L'échec de leur projet était prévisible: Rome elle-même n'est-elle pas tombée?
Pourtant, le roman ne se complaît pas du côté des illusions déçues. On y croise des âmes fortes, refusant la fatalité avec conviction et énergie. On y trouve aussi une écriture puissante, audacieuse, tantôt solennelle et tantôt ironique. Une réussite!
Actes Sud, 19 €