PRIX FEMINA ETRANGER 2012
L'avis d'Anouk :
C'est à un choeur de femmes que Julie Otsuka donne la parole. De jeunes Japonaises, échouées à San Francisco au début du vingtième siécle pour y épouser des hommes qu'elles ont seulement (mais pas toujours) vus en photo. À ces exilées, loin de leurs familles, déracinées à jamais et souvent exploitées, aucun destin individuel n'est autorisé. Julie Otsuka fait éprouver avec force l'anonymat auquel elles sont vouées. Le "nous" qui rythme son livre, impersonnel, charrie ces trajectoires marquées du sceau de la tragédie.
"Certaines n'avaient jamais vu la mer" est un livre qui fait vaciller son lecteur. Au gré des chapitres s'égrennent de véritables morceaux de littérature, bruts, intenses, d'une puissance inouïe.
Un roman brillant et magnifique, oµ l'amotion est plus dense à chaque page.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau
Phébus, 15 €