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le ducL'avis de Maryse:

Les premières lignes de ce gros roman rapportent une scène curieuse : celle d’une escarmouche entre une corneille et une buse dans un ciel dégagé, un contact bref mais à la violence sauvage, animale et fulgurante…

Le dernier héritier d’une ancienne et illustre lignée aristocratique décide de revendre ses hôtels particuliers en ville et de réintégrer le manoir historique de sa famille. L’imposante propriété est juchée à flanc de montagne, perdue en pleine forêt et bâtie en surplomb d’un petit village de quelques âmes oubliées du monde. Certes, celui que les habitants du coin surnomment ironiquement le « Duc » ne bénéficie plus vraiment du prestige qui était dans le passé conféré par son rang, mais il a des biens et, richesse ultime, du temps qu’il use calmement à éplucher des vieilles archives, tandis que la gestion de ses vastes parcelles est confiée à un bûcheron du cru. Pourtant, lorsque ce dernier avertit le Duc que Fastréda, un fermier puissant et craintivement respecté par la communauté, vole sans vergogne le bois de son domaine, l’oisif aristocrate se sent souffleté. Ce qui aurait pu se régler sans trop d’encombre se transforme alors en duel terrible entre deux maîtres qui veulent faire valoir leur loi. Un pugilat qui, pour le « Duc », se mutera en quête de ses origines profondes.

Voici un roman épique sur la fureur du pouvoir, la férocité des hommes, l’intransigeance de la montagne titanesque, l’envahissement de la forêt sauvage et le gouffre de l’oubli.

Matteo Melchiorre, archiviste médiéviste et spécialiste de l’histoire des montagnes et des forêts, fait montre, par une écriture élégante et léchée, d’un épatant sens de l’intrigue. Il brouille les pistes par rapport au lieu et au temps de la narration – le lecteur se laisse toutefois guider dans ce passé du présent, qui se déroule ailleurs, là où la nature arbitre d’une main de fer les relations humaines. Le Duc est un roman surprenant. Tantôt âpre, tantôt empreint de drôlerie, il est d’une subtilité folle. Matteo Melchiorre y joue parfaitement le jeu littéraire des échos – rien dans ce roman ne semble hasardeux – et, selon moi, s’inscrit pleinement dans la tradition des grands écrivains italiens.

Métailié, 23.50 euros.


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