Mercè Rodoreda est l’une des grandes voix de la littérature catalane. L’arrivée du franquisme l’a contrainte à l’exil mais elle n’a cessé de raconter dans son œuvre la terre de sa jeunesse et les gens qui l’habitent.
L’éloignement teinte d’une lumière particulière ce Jardin sur la mer, roman subtil de l’amour et de la perte.
Le narrateur est jardinier. Il entretient depuis des années le jardin d’une villa cossue, résidence d’été de riches Barcelonais. La maison vient de changer de propriétaires, c’est un jeune couple désormais qui y passe ses étés en joyeuse compagnie. Mais si les maîtres changent, le jardinier demeure, ancré à cette terre dont il connaît tous les secrets et sait entendre les chuchotements. Au milieu des fleurs dont il prend soin, le jardinier observe. Rien n’échappe à son attention bienveillante, qui fait de lui le confident idéal des uns et des autres.
Puis un été tout bascule. La visite d’un couple âgé, porteur d’un douloureux secret, et l’installation de nouveaux voisins déchirent le voile des habitudes. Les fantômes surgissent et le drame semble inéluctable.
Mercè Rodoreda peint avec finesse ce théâtre où végétal et humain se reflètent et se répondent. Le monologue du jardinier, tout d’ironie et de sensibilité, va droit à l’essentiel. "Regardez le jardin, regardez comme il est. Pour en sentir la force et le parfum, c’est la meilleure heure. Regardez les tilleuls... Vous voyez comme les feuilles tremblent et nous écoutent ? Vous riez... Si un jour vous vous promenez la nuit sous les arbres, vous verrez tout ce qu’il vous racontera, ce jardin..."
Éditions Zulma, traduit du catalan par Edmond Raillard, 21.50 euros
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