Des réécritures du Petit Chaperon Rouge, il y en a tant et plus.Et pourtant Delphine Bournay réussit à revisiter le conte avec peps et fantaisie. Jugez plutôt...
Il était une fois un petit chaperon rouge du genre coriace, qui se plaint auprès de la dessinatrice d'être trop petit, là, au milieu de la page. Heureusement, la dessinatrice est sympa: elle zoome et transforme la fillette en chaperon géant. Mais cela ne plait guère au loup: il est jaloux. C'est vrai enfin, de quoi il a l'air, ce tout petit loup, à côté du grand chaperon? De page en page, on suit les plaintes et les indignations des deux protagonistes, aussi râleurs et revendicatifs l'une que l'autre.
La dessinatrice fait de son mieux mais finit à son tour par s'énerver. Et puis, comme "de toute façon, on la connaît par cœur cette histoire", elle décide de se passer des personnages et de finir l'album en mode peinture abstraite. "Du rouge pour le chaperon, du jaune pour la galette et du marron pour le loup", hop, le tour est joué. Et en plus, ce sera moins traumatisant quand le conte tourne mal et que les grandes dents du loup... ben oui, vous connaissez la suite, et elle est atroce, forcément.
Avec son humour loufoque et son sens imparable de la narration, Delphine Bournay signe un album qui est une merveille de drôlerie. Elle joue la complicité avec ses lectrices et ses lecteurs, quel que soit leur âge. Son trait vif a une allure enfantine; il est rehaussé d'aquarelles efficaces. Le texte, qui mêle aux interpellations de l'autrice par ses personnages des apartés avec le lecteur, nous mène de rebondissement en rebondissement jusqu'au réjouissant final: "Et miam miam galette!".
On adore Delphine Bournay. Ses iconiques Grignotin et Mentalo, l'hilarant Adieu odieux dîner, les aventures de Taupinette et sa bande sont autant de chefs-d'oeuvre qui plaisent tant aux enfants qu'aux parents. La preuve: ce sont des albums que l'on lit, et relit, et relit encore.
L'École des Loisirs, 14.50 euros