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ce coeur changeant - desartheLe mardi 8 septembre à 20 heures, la librairie Point Virgule est heureuse d'inaugurer sa saison littéraire avec une rencontre exceptionnelle: Agnès Desarthe nous présentera "Ce coeur changeant", tout juste sorti aux éditions de l'Olivier.

 

L'air est calme. Pas un souffle de vent, si bien que les grands arbres qui se reflètent dans l'eau du lac ont des contours plus définis à la surface de l'eau que dans l'air. René rame vigoureusement. Il espère impressionner Kristina par la souplesse de ses articulations, la force de ses bras, la longueur de son souffle. S'il le faut, il mènera cette barque jusqu'à la rive opposée sans marquer de pause, sans reprendre haleine. Ce qu'il respire n'est pas de l'oxygène, c'est de la beauté. La beauté du lac, de la forêt autour, de l'or menu des feuilles se détachant sur le plomb des nuages ourlés d'argent. La beauté de Kristina dans le combat que la jeune femme livre au panorama et que, levant de quelques centimètres le menton pour étirer son cou, elle remporte soudain, dans la même surprise cocasse que le knock-out infligé par un boxeur.

 

C'est par ces mots que démarre Ce coeur changeant, le nouveau roman d'Agnès Desarthe qui arrive en librairie le 20 août prochain (éditions de l'Olivier). Nous sommes à Soro, au Danemark, en 1887. Mais c'est au cœur de Paris, quelques années plus tard, que le roman se déploie et que nous suivrons Rose, l'héroïne magnifique de ce roman éblouissant, qui vient confirmer tout le talent de son auteur.

 

Agnès Desarthe écrit depuis toujours. À sept ans, elle plagie Tistou les pouces verts de Maurice Druon, un livre qui la ravit, et son père inconscient de la duperie et tellement étourdi par le talent de sa fille s’écrie : « Putain, c’est du Marguerite Duras ! ». Première consécration.ce qui est arrive - desarthe

 

Quelques années plus tard, tout juste sortie de ses études, Agnès Desarthe croise la route de Geneviève Brisac qui lui propose de traduire de l’anglais des romans pour la jeunesse, ceux de Lois Lowry ou de Anne Fine, puis ceux de Maurice Sendak, Louis Sachar, Gail Carson Levine… La traduction sera pour elle comme une nouvelle école : Agnès Desarthe y apprend les secrets de la narration et de la composition romanesque. Comme l’exercice d’assouplissement du danseur, la traduction lui permet aussi de trouver une langue sienne, fluide et aérienne tout en étant incroyablement précise. Elle dira : « Traduire un grand livre est une expérience au moins aussi formatrice et bouleversante qu’écrire un livre. Je ne suis pas certaine que j’aurais écrit si je n’avais pas traduit ». Et aujourd’hui encore, Agnès Desarthe poursuit son travail de traductrice. Nous lui devons d’intenses plaisirs de lecture : La marche nuptiale, d’Elena Lappin, Corps étrangers ou Les papiers de Puttermesser de Cynthia Ozick, La belle vie de Jay McInerney, La chambre de Jacob de Virginia Woolf…

 

dingo - desartheEntretemps, Agnès Desarthe est devenue une auteur qui compte. Elle publie avec une égale gourmandise des livres « pour les petits » et d’autres « pour les grands ». Pour elle la différence ne compte pas vraiment, et publier pour la jeunesse est « un lieu de privilèges et de contrebandes » où l’on peut finalement s’affranchir de bien des contraintes et des conventions. En 1991, avec Je ne t’aime pas Paulus, elle signe un portrait d’adolescente qui fera date. Puis il y a, parmi beaucoup d’autres titres, Les grandes questions, Comment j’ai changé ma vie, Je veux être un cheval, La plus belle fille du monde, Dingo et le sens de la vie … autant de livres généreux, malicieux, tour à tour tendres et impertinents.

 

remplacant - desartheCe regard comme posé de biais sur ses personnages et sur la vie, ce pas de côté et ce pari que le quotidien n’est pas exempt de merveilleux, nous le retrouvons aussi dans ses romans « pour adultes » (depuis le premier d’entre eux, Quelques minutes de bonheur absolu, paru aux éditions de l’Olivier en 1993) ou plus récemment dans un recueil de nouvelles formidables, Ce qui est arrivé aux Kempinski (L’Olivier, 2014). Les personnages d’Agnès Desarthe ont souvent du mal à se définir, trop en marge de la société dominante ; ils sont des enfants perdus, des amoureuses blessées, des « remplaçants » qui ne se sentent pas vraiment à leur place. Tous sont à leur manière porteurs d’histoires qui les dépassent mais qu’ils endossent avec humilité et juste ce qu’il faut d’ironie. Ils acceptent de faire partie du grand tableau de la vie. Car si son écriture fouille au plus près des êtres, Agnès Desarthe ne perd pour autant jamais de vue la beauté d’une fleur, la couleur du soleil reflété sur un lac, la tonalité d’une rue animée. Chez elle tout vibre, tout communie, tout fait sens. Et c’est pour cela que nous aimons ses livres : pour leur bienveillance, pour l’apaisement qu’ils apportent aux êtres de papier et aux lecteurs que nous sommes.

 

agnes desarthePartagez notre enthousiasme : venez nombreux le 8 septembre !