Rue Lelièvre, 1 B-5000 Namur | Tél. : +32 (0)81 22 79 37 | info@librairiepointvirgule.be | Du lundi au samedi de 9h30 à 18h30
C'est un album joyeusement inclassable, quelque part entre bande dessinée et enquête sociologique, recueil de contes et documentaire — à moins qu'il ne s'agisse d'un long poème. Les images de Chaline Collette sont magnifiques. Lumineuses, tendres, précises, elles accompagnent avec finesse les douze histoires qui composent "Au bois".
Douze histoires qui ont été recueillies auprès d'amoureux de la forêt de tous les âges et de tous les horizons, du cueilleur de champignon aux enfants qui rêvent de cabanes, du sportif au bûcheron, du promeneur à l'affouagiste. Chaque histoire ouvre une fenêtre sur les mille et unes facettes de la vie dans les bois. L'humour est souvent au rendez-vous, comme dans cette planche très drôle où une laie veille jalousement sur ses petits. On ne trouve en revanche ni clichés ni jugements: le chasseur et son chien ont un long et émouvant tête à tête avec des chamois, et "il n'y a pas besoin de connaître le nom de tous les champignons, de toutes les fleurs, de tous les arbres pour adorer être en forêt".
La question écologique est évidemment bien présente au fil des pages, qu'il s'agisse des ravages de la déforestation ou des changements climatiques. Mais Charline Collette laisse surtout la part belle aux émotions, aux ressentis et aux souvenirs d'enfance, ce qui nous rappelle combien la forêt structure notre imaginaire.
Pas de doute, "Au bois" deviendra un classique, un de ces albums hors du temps où l'on se sent si bien.
"Tu as mis tes bottes? Tu as pris ta gourde et ton goûter? Alors en route pour le bois!"
Pour tous dès 5 ans.
Les Fourmis rouges, 18,90 euros
Chaque semaine, nous souhaitons mettre à l'honneur l'œuvre d'une autrice ou d'un auteur jeunesse. Nous ouvrons cette nouvelle série en compagnie de Catherine Pineur.
Catherine Pineur a étudié l'illustration à l'Institut Saint-Luc de Liège et à l'atelier d'illustration des Arts Décoratifs de Strasbourg. Depuis 15 ans, elle a publié de nombreux albums aux éditions Pastel, tantôt seule, tantôt avec son complice Emile Jadoul.
Ce qui frappe quand on ouvre un livre de Catherine Pineur,
Lire la suite : Une semaine pour cheminer avec... CATHERINE PINEUR
L'École des Loisirs, Pastel, 9.70 euros
Nous souhaitons une fois encore vous remercier, du fond du cœur, pour tous vos messages de soutien, d'encouragement, d'affection. Ils nous portent jour après jour en cette période tellement inédite. Merci aussi pour votre respect des mesures sanitaires en vigueur. Croyez bien que nous mettons tout en œuvre pour garder vibrant le cœur de la librairie, et pour maintenir bien vivant l'esprit d'accueil, d'échange et de convivialité.
L'avis d'Adrien :
Ludlow Washington est un jazzman africain américain que l’on va suivre de sa prime enfance jusqu’au mitan de sa vie. Laissé par ses parents à ses cinq ans à une institution pour aveugles où il va subir brimades et humiliations, le jeune Ludlow va faire preuve d’un talent incomparable de musicien qui lui servira de porte de sortie. Il sera engagé de ses seize à ses dix-huit ans par un club de jazz qui après l’orphelinat n’est finalement qu’une autre prison tant il est lié par un contrat le cadenassant. Il prend enfin son envol à dix-huit ans, quittant jeune épouse et nouveau-né, rejoignant pour quelques années l’orchestre d’une star du jazz renommée. Ludlow est ambitieux et depuis ses seize ans, ce qu’il veut et espère plus que tout, c’est monter son orchestre. Il veut jouer son jazz, un jazz vif, cinglant, un jazz qui ne tient pas en place, déconstruit à sa façon.
De par cette histoire écrite en 1965 où l’on suit l’antihéros Ludlow Washington, William Melvin Kelley nous livre avec fluidité une histoire dense, un récit initiatique louvoyant, parce que tout l’art du jazz c’est aussi l’art de l’improvisation. Cette histoire c’est celle des orchestres de jazz, celle de l’amour et de l’amitié, celle du racisme et du ségrégationnisme, celle des années 1950 aux Etats-Unis, c’est celle de la colère. La façon dont l’auteur s’empare de la cécité de Ludlow et de sa difficulté à communiquer nous met, lecteurs, au même niveau que notre jazzman pour percevoir ce qui l’entoure et ce qui lui arrive, appréhender les choses, douter et comprendre. C’est un roman magnifique tout en nuances qui nous fait ressentir la pulsation de la musique à travers les tourments de celui qui la joue et l’adversité à laquelle doit faire face une personne rejetée. C’est un roman cruel, d’une cruauté sourde et d’une beauté virevoltante. Le livre se clôt par un touchant poème écrit en 2019 par la veuve de l’auteur qui montre l’importance qu’a eu le jazz dans la vie de leur couple et dans la vie de Kelley en particulier.
Editions Delcourt Littérature, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Eric Moreau, 21.40 €
Egalement disponible en version numérique par ici !