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desorientale - djavadiL'avis d'Anouk:

Il est rare de lire un premier roman d'une telle intensité. Avec "Désorientale", Négar Djavadi réussit son entrée dans le monde de la littérature de façon vraiment époustouflante.

Son héroïne Kimiâ Sadr, fille d'une famille iranienne francophile et communiste, nous embarque dans un monologue qui revisite rien moins que l'histoire de l'Iran et celle de sa famille. Kimiâ hérite de sa grand-mère, née au début du 20e siècle dans un harem et morte le matin de sa propre naissance, outre une troublante ressemblance physique qui laisse sans voix les innombrables frères et soeurs de la défunte, un courage, une ténacité, une liberté inentamables. Curieuse et chahuteuse, elle tisse sous nos yeux la mémoire familiale, ses heures de gloire et ses tragédies, ses approximations, ses fabulations, ses béances. La puissance de narration de cette Shéhérazade rock laisse pantois, et l'on ne peut qu'être ébloui par son sens de la digression, du détail piquant, des accélérations vertigineuses et des moments suspendus.

Puis vient la Face B, aussi sensible et intime que la Face A était épique et tragique. À la geste des Sadr suit le portrait subtil de Kimiâ, déchirée par l'exil et l'errance qu'il impose entre deux pays, deux langues, deux cultures. Kimiâ forte et si fragile, intelligente et rebelle, Kimiâ sans boussole, sauvée par la musique, sa vraie patrie, et par l'amour bien sûr qu'elle trouve dans les bras d'une bassiste flamande. Si la Face A de "Désorientale" transporte, sa Face B étreint avec autant de puissance. Presque mère après le laborieux parcours des PMA, Kimiâ arrive à l'heure où il faut faire la paix avec soi-même et le passé.

On croise dans ce livre épatant quelques personnages dont il est certain qu'on ne les oubliera jamais, tel cet Oncle Numéro 2, sa machine à coudre et ses secrets soigneusement gardés. Et puis Sara et Darius, parents de Kimiâ, éperdus d'amour et de liberté, fin lettrés, opposants vigoureux à tous les régimes qui se succèdent. Pour eux engagement politique et littérature sont une seule et même porte vers la vie libre et debout. Leur fille ne déméritera pas.

Flamboyante et ambitieuse, Négar Djavadi tient toutes les promesses que l'on sent en germe dès les premières pages de "Désorientale". Et tout cela avec un humour, une tendresse, une générosité qui font de la lecture de son roman une bulle de bonheur parfait.

btn commandeLiana Levi, 22 €

 

 


>>> Rendez-vous le 21 mars à 19 heures à la librairie pour un atelier de lecture autour de "Désorientale", organisé dans le cadre du Festival Passa Porta.

>>> Meilleur premier roman de 2016 selon le Magazine Lire, Prix du Style 2016, Prix des librairies Folie d'encre et L'Autre Monde, Prix Première des auditeurs de la RTBF

 

desorientale - djavadiL'avis d'Anouk:

Il est rare de lire un premier roman d'une telle intensité. Avec "Désorientale", Négar Djavadi réussit son entrée dans le monde de la littérature de façon vraiment époustouflante.

Son héroïne Kimiâ Sadr, fille d'une famille iranienne francophile et communiste, nous embarque dans un monologue qui revisite rien moins que l'histoire de l'Iran et celle de sa famille. Kimiâ hérite de sa grand-mère, née au début du 20e siècle dans un harem et morte le matin de sa propre naissance, outre une troublante ressemblance physique qui laisse sans voix les innombrables frères et soeurs de la défunte, un courage, une ténacité, une liberté inentamables. Curieuse et chahuteuse, elle tisse sous nos yeux la mémoire familiale, ses heures de gloire et ses tragédies, ses approximations, ses fabulations, ses béances. La puissance de narration de cette Shéhérazade rock laisse pantois, et l'on ne peut qu'être ébloui par son sens de la digression, du détail piquant, des accélérations vertigineuses et des moments suspendus.

Puis vient la Face B, aussi sensible et intime que la Face A était épique et tragique. À la geste des Sadr suit le portrait subtil de Kimiâ, déchirée par l'exil et l'errance qu'il impose entre deux pays, deux langues, deux cultures. Kimiâ forte et si fragile, intelligente et rebelle, Kimiâ sans boussole, sauvée par la musique, sa vraie patrie, et par l'amour bien sûr qu'elle trouve dans les bras d'une bassiste flamande. Si la Face A de "Désorientale" transporte, sa Face B étreint avec autant de puissance. Presque mère après le laborieux parcours des PMA, Kimiâ arrive à l'heure où il faut faire la paix avec soi-même et le passé.

On croise dans ce livre épatant quelques personnages dont il est certain qu'on ne les oubliera jamais, tel cet Oncle Numéro 2, sa machine à coudre et ses secrets soigneusement gardés. Et puis Sara et Darius, parents de Kimiâ, éperdus d'amour et de liberté, fin lettrés, opposants vigoureux à tous les régimes qui se succèdent. Pour eux engagement politique et littérature sont une seule et même porte vers la vie libre et debout. Leur fille ne déméritera pas.

Flamboyante et ambitieuse, Négar Djavadi tient toutes les promesses que l'on sent en germe dès les premières pages de "Désorientale". Et tout cela avec un humour, une tendresse, une générosité qui font de la lecture de son roman une bulle de bonheur parfait.

Liana Levi, 22 €btn commande


>>> Rendez-vous le 21 mars à 19 heures à la librairie pour un atelier de lecture autour de "Désorientale", organisé dans le cadre du Festival Passa Porta.

>>> Meilleur premier roman de 2016 selon le Magazine Lire, Prix du Style 2016, Prix des librairies Folie d'encre et L'Autre Monde, Prix Première des auditeurs de la RTBF

canneL'avis d'Adrien :
 
Jean Toomer fut avec Canne le fer de lance de l’Harlem Renaissance, mouvement de renouveau de la culture afro américaine de l’entre-deux-guerres. Toomer disait que coulait en lui sept sangs différents mais quand dans sa jeunesse on le qualifiait de métisse, lui se revendiquait américain. C’est en se confrontant à la ségrégation raciale du sud qu’il affirma son identité afro-américaine et vint alors Canne.
 
Publié en 1923 – la présente traduction française est celle de 1971 exclusivement destinée alors à l’Afrique francophone – mélange de chants, poèmes, nouvelles, à la fois onirique et réaliste, cartographiant avec lyrisme le peuple afro de Géorgie ainsi que les quartiers noirs de Washington, Canne (comme le sucre de, et ses plantations du Sud) est assurément un chef d’œuvre de la littérature du 20e siècle et c’est peu de le dire. Tout cela coule d’une belle source, on sent que chaque mot est naturellement pesé et soupesé, le mot juste placé au bon moment au bon endroit de sorte que cela nous entraîne dans un tourbillon de littérature, on peut le relire sans fin en découvrant à chaque lecture un nouvelle trésor caché. Les mots manquent réellement pour dire la beauté de Canne et je mentirais par omission si je ne vous disais pas simplement que c’est absolument magnifique et puissant. Toomer s’immerge complétement dans chacun de ses personnages, dans chacun de ses poèmes. Il nous parle des afro américains, de leur condition, esclavagisme aboli dans la loi, esclavagisme toujours bien présent dans les faits, ce qui malheureusement se vérifie encore en grande partie, notamment aux Etats-Unis.
 
La bonne littérature éclaire le lecteur d’une lumière nouvelle, la grande littérature s’insinue en chacun de nous, transcende son temps, et sa puissance se vérifie bien après sa publication, Canne est de cette trempe.
 
Et si vous n’êtes pas encore convaincu, je terminerai cette bafouille par ce qu’en dit un éminent confrère « Des mots comme chef d’œuvre ne suffisent pas. Je donne 90 % de ce que j’ai lu dans ma vie pour ce seul livre. Et je suis sérieux. »
 
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Wagner, Ypsilon, 20 €
 
mes amis - boveVous le savez, les librairies Initiales élisent chaque année un Prix Mémorable. Parce que la spécificité de la librairie indépendante, c’est avant tout un fonds, nous avons créé un prix qui salue la réédition d’un auteur malheureusement oublié, ou la traduction d’un auteur étranger méconnu.

robinson - demoulinLaurent Demoulin vient de recevoir le Prix Rossel pour "Robinson" et nous en sommes immensément heureux! Un livre à lire et relire, à partager, une prodigieuse leçon de littérature et d'humanité!

Voici le plus vibrant, le plus puissant, le plus sidérant des livres d'amour.

Ce qui se vit sous nos yeux de lecteurs, au gré des scènes de vie qu'égrene "Robinson", c'est un amour d'une éclatante pureté, tout à la fois joyeux et inquiétant, incandescent et contrarié: celui d'un père pour son fils. Pour être tout à fait précis, il faut ajouter: celui d'un père non-autiste pour son fils oui-autiste.

Robinson a dix ans, une beauté solaire, une famille aimante, mais Robinson n'a pas de mots. Il n'a jamais dit "papa". Avec ce livre pourtant, son père a tissé pour lui la plus réconfortante des îles.

"Robinson" est tout, absolument tout, poème épique et élégie, récit d'aventure et farce scatologique, réflexion philosophique et promenade littéraire, mais pas un "témoignage" de plus sur l'autisme. Parce que Laurent Demoulin, tout d'abord, est un grand écrivain - langue riche, phrasé inouï, pirouettes oscillant avec une élégance peu commune entre la cocasserie et le désespoir. Parce qu'il est aussi, en professeur de littérature, un spécialiste du langage, qui sait mieux que personne que "sans langage, l'autre est partout, en nous, autour de nous, à travers nous" et que les conséquences de cette "contamination désordonnée" sur son Robinson sont abyssales. 

Accoster sur l'île de Robinson est pour un lecteur une expérience intense. Laurent Demoulin a mis dans ce livre la force de vie, la profonde humanité et l'intelligence sensible qu'on lui connaît. On le suit à la piscine et au supermarché, préparant une conférence sur Barthes tout en nettoyant la chambre méthodiquement souillée par un Robinson qui punit la moindre inattention en enlevant ses couches. Avec Robinson et lui, on déambule aussi dans une Liège qui depuis Simenon avait rarement été évoquée de façon si somptueuse.

 

 

Gallimard, 19.50 €btn commande