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Ce mercredi 22 novembre à 19 heures, Marielle Macé sera l'invitée des Grandes Conférences Namuroises et nous parlera de son dernier essai, Respire, paru aux Éditions Verdier. Un livre inspirant, nourri de poésie et de sciences humaines et qui ouvre des pistes de réflexion sur les questions de notre époque.
Marielle Macé est essayiste et historienne de la littérature. Ses livres questionnent les formes de la vie commune et inventent, entre essai et poésie, entre philosophie et expérience vécue, des voies nouvelles pour répondre aux urgences de notre temps.
L’œuvre de Marielle Macé, loin de se tenir à l’abri d’une tour d’ivoire, a l’ambition de nous équiper pour penser et percevoir autrement le monde qui nous entoure. Dans le sillage de Nos cabanes ou Une pluie d'oiseaux, ses précédents ouvrages, Respire est une invitation à considérer cette activité physiologique primordiale de la respiration comme un lieu de cohabitation avec le vivant dans toutes ses formes.
Le 11 novembre 1972 a lieu à Bruxelles la première Journée des femmes. On attendait une centaine de participantes, elles seront 8000 à se presser pour écouter Simone de Beauvoir, Françoise d’Eaubonne et bien d’autres. Dans ces années d’après Mai 1968, l’ordre social est bousculé et le féminisme participe de la joyeuse effervescence de l’époque.
C’est dans ce contexte que naissent les Cahiers du Grif en 1973. La revue va marquer de son empreinte le féminisme en Belgique, et au-delà des frontières. Par leur mise en œuvre collaborative, par les thématiques abordées, par la pluralité des voix qui s’y expriment, les Cahiers du Grif sont à la fois un espace fécond de réflexion et un puissant outil de revendication et d’autodétermination.
Pour revenir sur cette publication féministe pas comme les autres, nous vous invitons ce mardi 14 novembre à 19h30 à rencontrer Nathalie Grandjean, Alain Loute et Grégory Cormann. Tous trois ont participé à la publication d'un ouvrage
Lire la suite : Les Cahiers du Grif, retour sur une aventure féministe inspirante
Ours a perdu ses lunettes. Et, sans elles, le moins que l'on puisse dire est qu'il ne voit pas très bien. Alors qu'il part à leur recherche, il aperçoit de drôles de choses sur son chemin!
Un nouvel album hilarant, rempli de joyeux quiproquos, pour faire pouffer à coup sûr les petits binoclards et les autres, de 3 à 5 ans.
Cambourakis, 15 euros.
Avril 2022. Une femme arrive à Weimar pour un bref séjour. Elle gravit l’Ettersberg, à quelques kilomètres à peine du centre-ville. Là, dans le château baroque qui domine la colline, se sont croisés Goethe et Schiller. Là, sur cette même colline, le camp de Buchenwald a perverti à jamais la tranquille sérénité de ce coin d’Allemagne.
Irina Heudeber fait ce voyage pour mettre ses pas dans ceux de son père Paul, mathématicien de génie et rescapé du camp. Elle se rappelle comment vingt ans plus tôt, un certain 11 septembre 2001, elle avait organisé avec un cénacle d’universitaires une journée d’hommage à ce père tant aimé, pour qui « les mathématiques étaient l’autre nom de l’espoir » et qui par fidélité à ses idéaux communistes n’a jamais voulu quitter Berlin-Est. Cette journée de commémoration, sur un bateau de croisière amarré sur la Havel, s’était terminée dans l’effarement – l’effondrement des tours scellant un siècle décidément voué à la dévastation.
Il faut du courage à Irina Heudeber pour ouvrir les yeux sur l’histoire de son père, celle de sa mère, celle de son pays. Elle a beau avancer en âge, elle ne s’habitue pas à ce constat amer : « Tout est contaminé par le mensonge ». Le récit d’Irina se lit comme l’archive des vies de ses parents : une archive tourmentée, parcellaire mais recelant aussi des éclats de beauté, de passion, de poésie.
Adossée à ce texte très construit, une voix s’élève. C’est la voix d’un homme jeune qui décide un matin de printemps de tourner le dos à la guerre. Il tente d’arracher celle-ci de son corps et de son âme comme on se défait de vêtements souillés mais la guerre est tenace. Elle s’insinue dans ses gestes, dans ses rêves, dans sa tentative de retour à la pureté de l’enfance. Dans l’âpreté d’un paysage de montagne, la voix se fait poème, prière, incantation. Est-ce que déserter, c’est toujours trahir ? Cet homme qui gravit la montagne et cherche le salut, pourra-t-il s’abstraire de la violence, celle du monde et la sienne propre ?
En alternant le récit d’Irina, tellement inscrite dans les fracas du 20e siècle, et cette voix immémoriale, anonyme, universelle puisqu’elle ne s’ancre pas dans un conflit précis mais pourrait être de toutes les guerres, Mathias Énard construit un roman d’une extrême profondeur. Mais si l’architecture romanesque est virtuose, sa précision n’étouffe jamais, bien au contraire, la puissance des sensations et des émotions. La langue, somptueuse, fait vibrer chaque page et renvoie chacun à ses interrogations les plus intimes.
C’est un roman fascinant que ce Déserter, dont le titre claque comme une injonction. Fascinant par sa grande originalité formelle, fascinant par la profondeur de ce qui s’y joue, fascinant par l’élégante évidence du talent de Mathias Énard.
Mathias Énard sera à la librairie le jeudi 30 novembre pour nous parler de Déserter: un rendez-vous à ne pas manquer!
Actes Sud, 21.80 euros - disponible en format numérique ici