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vivreL'avis d'Adrien :

En 1933, les jeunes juifs de Pologne, de 16 à 21 ans, se voient proposer un concours d’écriture en yiddish. Organisé par des sociologues du YIVO, l’institut pour la recherche juive, son but est en réalité plus ethnographique que littéraire. Libre à tous les participants anonymes de livrer ce qu’ils souhaitent, évoquer leurs amis, leur famille, leurs loisirs, leurs projets d’avenir, …

Le premier prix d’une des éditions du concours devait être remis le 1er septembre 1939 qui, funestement, sera le jour de l’attaque de la Pologne par les troupes allemandes. Ce prix ne sera jamais remis et les écrits, cachés, échappant au pillage nazi et aux destructions staliniennes, seront seulement retrouvés en 2017 dans les tuyaux d’orgue d’une église polonaise. Ken Krimstein, illustrateur pour The New Yorker et auteur de la bande dessinée « Les trois vies de Hannah Arendt » (Calmann-Lévy, 2018), a pu consulter ces cahiers et en ressort « Vivre ». Les faits sont vertigineux en tant que tels mais ça l’est encore plus de suivre ces six jeunes présentés ici par l’auteur américain et davantage encore car on sait ce qui a pu leur arriver.

Tout comme Krimstein, on ne peut qu’être ému·e en découvrant toutes les aspirations d’une génération martyre nous dévoilant ses secrets avec passion, spontanéité, liberté. Le trait est relâché, parfois doux, parfois rugueux, il virevolte et parfois explose, le tout dans un noir et blanc relié à l’époque délétère de ces années trente. Toutefois, il est surligné finement ou quelques fois saturé de couleur orange, qui donne vie, chaleur, dynamisme qui sied à cette jeunesse débordante.

Nous voyons à travers ces récits l’essor d’une société - le Yiddishland, région d’Europe de l’Est où était parlé le yiddish par dix millions de juifs jusqu’à sa destruction durant la Seconde Guerre mondiale - voulant plus que jamais allier la modernité à la tradition. On en apprend beaucoup sur l’éducation, les groupes de pensée, les syndicats, … qui cimentent, parfois divisent mais souvent élèvent la population.

« Vivre » nous crie la jeunesse !btn commande

Bourgois, traduit de l’anglas (États-Unis) par Gaïa Maniquant-Rogozyk, 25 €

lhomme geneL'avis d'Adrien :

Un homme seul passe ses journées à procrastiner dans son appartement jusqu’à ce qu’une nouvelle voisine se présente à lui, occupe ses pensées et ravive des souvenirs enfouis de petites et paralysantes contrariétés.homme gene 1

Une romance mélancomique, un drame drolatique, la vie pathétique.

Un récit qui nous cueille par son humour des petits riens et nous laisse pantois devant ce constat funeste du rapport difficile à soi-même et aux autres.Le “Hors-jeu” du même Matthieu Chiara en 2016 aussi aux éditions de L’agrume, autour d’un match de foot était déjà un sommet de marrade, cet auteur est décidément brillant !
 
L'Agrume, 26.90 € btn commande
des maux a dire couv web 400x q80L'avis d'Adrien :
 
Récit intimiste de la démence paranoïde de la mère de Beatriz Lema Rivera, maladie qui a explosé sa famille, un père de plus en plus effacé, un frère fuyant l’ambiance délétère, une fille, l’autrice donc, plus que sollicitée pour s’occuper tant et plus de sa mère.des maux

Au-delà de la sphère familiale, c’est toute la société espagnole post-franquiste qui est décrite par de menus détails, société patriarcale et très religieuse, d’ailleurs le titre original de la bd est Le Corps du Christ, d’où la couverture.

Formellement, c’est grandiose, on passe de dessins au feutre qui tendent au naïf à des scènes brodées magiques, à des rapports médicaux reproduits tels quels, c’est à la fois doux et heurtant. Bea Lema développe notre empathie.
 
Une des plus belles lectures bd de l’année, un Fauve d'or à Angoulême !?btn commande
 
Sarbacane, traduit de l’espagnol par Jean–Marc Frémont, 25 €