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dum dumL'avis d'Adrien :

Après « Ville Nouvelle » et « Soleil mécanique », « Dum Dum », du nom de ces munitions qui fracassent par expansion, est la troisième formidable bande dessinée de Łukasz Wojciechowski que les non moins formidables éditions Çà et là font paraître.dum dum image

Łukasz Wojciechowski, professeur d’architecture polonais, est un as sur AutoCAD, fameux logiciel de dessin technique mais il est aussi très fort pour aborder avec finesse les tourments humains, ici, en l’occurrence, l'état de stress post-traumatique d'un ancien soldat de la Première Guerre Mondiale.


Partant de photos d’aïeuls vétérans de la Grande Guerre, l’auteur s’attache à nous tracer le destin de Stan, malheureux troufion, peu à l’aise dans ses relations sociales et virtuose du dessin industriel, que son cousin fait engager au sein de son entreprise spécialisée dans ce type de dessin.

Le modernisme berlinois des années 1930 y est mis en scène de magnifique manière, la prouesse graphique est éclatante, dans la forme mais aussi dans le fond… Car si ledum dum bis tracé est chirurgical, se dégagent, par l’histoire, par la finesse psychologique atteinte au moyen de passages plus abstraits, une humanité, une émotion, une rage rarement ressentie. La frénésie de la ville, le bouillonnement technologique de l’époque, le cinéma expressionniste allemand, l’avènement du régime nazi à venir et les illustrations elles-mêmes sont mis en regard avec le chancre mental dans lequel se trouve Stan, détruit par les horreurs vécues.

Cet ouvrage fort et bouleversant est sublimé par le bel écrin confectionné avec amour par les éditions Çà et là. Magistral !

Editions Çà et là, traduit de l’anglais par Fanny Soubiran, 25 €.   btn commande

blood of the virginL'avis d'Adrien :

Bande dessinée monstre qui nous embarque à folle allure dans les tourments de ses protagonistes et ce, dès la couverture accrocheuse s’il en est.

Editeur de la revue de bande dessinée de pointe Kramers Ergot à laquelle ont contribué la fine fleur de la bd mondiale, Daniel Clowes, Chris Ware, Blexbolex, Ruppert et Mulot entre autres, Sammy Harkham voit publier en français ce second album, dix ans après la réédition de ses histoires courtes « Culbutes » aux mêmes éditions Cornélius. Et déjà dans ce premier album, des récits de bonheurs gâchés…blood 2

Car dans Blood of the Virgin, le héros, Seymour, scénariste et réalisateur de films de série b aimerait porter à l’écran son grand projet personnel et va de déconvenue en déconvenue, de rendez-vous foireux en rendez-vous foireux avec un producteur, de maousses fêtes décadentes et ratées à des esquives non déguisées pour éluder ses demandes. Personne n’écoute réellement ses propositions et le peu d’entre elles qui sont entendues sont rejetées mais il continue d’y croire. Cette plongée dans le monde hollywoodien du début des années 1970 est déjà fascinante en soi mais il n’y pas que ça.

Seymour, immigré irakien, est marié à une immigrée néo-zélandaise, ces deux déracinés viennent d’avoir un enfant et la vie de jeunes parents est difficilement conciliable avec les strass et les rythmes de tournage. Le délitement amoureux de ce ménage semble inexorable et on a l’impression à la lecture alternée de ces deux tableaux – plateau de cinéma, cocon familial éclaté – de suivre un grand film réalisé par Paul Thomas Anderson, au découpage-montage cadencé et agité. Au beau milieu des péripéties de Seymour, une incursion d’une bonne trentaine de pages en couleurs retrace les splendeurs et misères d’un cow-boy parti de rien et arrivé presqu’au firmament, ce destin en accéléré comme une clé à l’histoire qui nous occupe.

Dans une sublime ligne claire en noir et blanc aux ombres sépia où les poses semblent à la fois figées et tellement incarnées, l’auteur nous invite à observer les grandeurs et décadences de tout un monde et le souffle de la vie qui exhale sans relâche.btn commande

Cornélius, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Eric Moreau, 35.50 €

revanche bibliothecaires gauldL'avis d'Anouk:

Ils en ont de la chance, les Anglais, qui peuvent découvrir chaque dimanche (dans le Guardian) les fabuleux cartoons de Tom Gauld ! Nous nous consolons grâce aux éditions 2024 qui nous régalent régulièrement avec de copieux recueils, comme le désopilant La revanche des bibliothécaires paru cet automne.

Avec leur humour absurde et leur œil impitoyable, les strips du plus drôle des dessinateurs anglais évoquent le petit monde des livres. Et l’on se délecte. Auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, lecteurs se reconnaîtront : tous les travers plus ou moins avouables des amoureux des livres sont là, épinglés avec drôlerie et inventivité.

On rit des tourments de l'écrivain en panne d'inspiration, des graphiques farfelus qui dépoussièrent les classiques, de nos désirs de lecture pas toujours assouvis. De page en page, Tom Gauld nous donne des nouvelles de nous-mêmes et de notre passion compulsive pour cet objet magique qu'est le livre.

C'est tout simplement délicieux!

 

Éditions 2024, traduit de l'anglais par Éric Fontaine, 17 €

revanche bibliothecaires 4

 

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