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pense aux pierres - wautersL'avis de Régis:

Antoine Wauters signe en cette rentrée deux romans époustouflants chez Verdier, maison d’édition discrète et prodigieuse. De Pierre Bergounioux à Michèle Desbordes, de Pierre Michon à Mathieu Riboulet, leur catalogue regorge de merveilles!

Quatre ans après Nos mères (Verdier, 2014 – Prix des auditeurs de la Première), voici deux récits écrits dans des laps de temps différents mais finalisés et publiés conjointement il y a quelques jours.

Pour autant, Pense aux pierres sous tes pas et Moi, Marthe et les autres ne sont pas directement reliés. Des échos se font entendre de l’un à l’autre. Un certain fracas aussi. Mais ils ont chacun leur vie propre, et leur rythme, et leur écriture.

Pense aux pierres sous tes pas, le plus narratif des deux, se déroule dans un pays imaginaire et pourtant proche. Léonora et Marcio sont de jeunes jumeaux qui (sur)vivent dans la ferme familiale, soumis à des parents pauvres et d’une violence sans limite. Le pays passe d’une dictature à l’autre, et les promesses du nouveau président sont autant de violences faites au petit peuple. Roman d’un amour fou entre une sœur et son frère, roman politique sur le populisme ambiant, roman de la séparation, Pense aux pierres sous tes pas est un livre d’une beauté rare, incandescente, inoubliable. Le lecteur y côtoie la douleur, la folie, l’épuisement tout autant que l’espoir, la rage d’avancer, de changer. « On voulait le faire parce qu’on ne dit pas assez que les ombres peuvent être terrassées. Et qu’on a tous besoin de clarté. » Dans des paysages immenses, Antoine Wauters fait surgir des corps. Qui plient sous le travail, qui tremblent de désir, qui marchent. Ce livre est une traversée. Et ses pages font jaillir une lumière retrouvée.

moi marthe - wautersDans Moi, Marthe et les autres, tout a disjoncté. Ville éclatée : Paris, ou ce qu’il en reste, après la catastrophe. Monde post-apocalyptique, en ruines. Des survivants s’organisent, pillent, tuent, se dévorent dans les rues désertes et les métros désaffectés. Le groupe que l’on suit est fait de filles et de garçons sans mémoire, des errants, des lambeaux d’humains ou des êtres nés après. Ils mangent ce qui est mangeable, baisent comme bon leur semble, mais cherchent surtout à tenir. À retrouver une forme de vie.

 

En une septantaine de pages « trouées » (certains mots sont comme atrophiés), ce sont 192 fragments ou microparagraphes qui clouent le lecteur au mur. Et de cette anarchie totale naît une urgence qui s’impose. Celle de vivre et d’espérer.   

Verdier, 15 € et 12.50 €btn commande