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exil toujours recommencé defossez fassinL'avis d'Anouk:

C’est un livre passionnant, qui se tient en équilibre sur le fil ténu entre recherche scientifique et engagement citoyen.

Anne-Claire Defossez, sociologue, et Didier Fassin, anthropologue et médecin, y déplient leurs chroniques de la frontière franco-italienne. Les Alpes, et tout particulièrement la région de Briançon, sont une voie empruntée chaque année par quelques milliers d’exilés, femmes, hommes et enfants. Démographiquement, c'est marginal. Et pourtant: ces quelques milliers de personnes pèsent un lourd poids politique. Dans leur tentative de gagner la France, qui n'est souvent que la dernière étape d'un périple long et périlleux vers le Royaume-Uni ou le Nord de l'Europe, ces personnes exilées doivent faire face à la militarisation de la zone frontalière et à un ahurissant déploiement de forces de l’ordre dont la mission est de les refouler.

Mais le Briançonnais est aussi, de longue date, une terre de luttes et de résistance. De très nombreux habitants de la région, soutenus par des citoyens venus de plus loin, s’y relaient pour porter accueil et assistance aux exilés. Maraudeurs, hébergeurs, associations... tous ces acteurs de la solidarité pas si ordinaire prennent eux aussi des risques alors qu'ils tentent de donner sens au principe consitutionnel de fraternité. Harcèlement, contrôles, interpellations: tout est mis en place pour décourager leurs actions.

Ces trois groupes humains (exilés, forces de l’ordre et volontaires) ont à interagir avec des éléments qui les dépassent : la frontière d’une part, institution protéiforme et menaçante, où se jouent l’espace et le temps ; la montagne d’autre part, à la fois protectrice et source de dangers supplémentaires. Alors que la frontière entre deux États membres de l'Union Européenne est une notion que l'on pensait vouée à la dissolution, voici qu'en ce début du 21e siècle cette frontière retrouve vigueur. Elle n'est plus une ligne mais une zone qui étend sa menace sur plusieurs kilomètres de part et d'autre. La menace et l'insécurité s'en trouvent décuplées pour les exilés. Et puisque la frontière passe à travers les montagnes, elle pousse ces hommes, ces femmes et ces enfants, souvent mal préparés et peu équipés, à prendre des risques considérables, allant jusqu'à mettre leur vie en danger.

Ce sont toutes ces dimensions qu’éclaire le travail précis et précieux des deux auteurs. De leur « observation participante », ils tissent un savoir fragile et inquiet mais essentiel pour ébranler les murs de notre trop grande indifférence.

"Les frontières racontent l'histoire – l'histoire des nations et l'histoire des gens. Elles disent l'histoire de notre temps".

 

Éditions du Seuil, La Couleur des Idées, 24 eurosbtn commande

forme commune rossL'avis d'Anouk:

Cet essai bref et érudit se nourrit des expériences "d’existence en acte" telles qu’elles s’écrivent dans les zad ou dans un mouvement comme Les soulèvements de la terre. Dans le sillage de la Commune de Paris et des luttes paysannes des années 1970, ces expériences visent à créer de nouvelles façons d’habiter un territoire en respectant la terre et les savoir-faire collectifs accumulés au fil des siècles. Elles cherchent à inventer des pistes pour dépasser la logique d’accaparement capitaliste et réactiver les solidarités, le vivre-ensemble, la créativité. La forme-Commune nous parle de social et de politique, d’écologie et de féminisme, mais surtout de vie quotidienne, de gestes à réapprendre, d’un horizon commun à construire.

Kristin Ross est une essayiste américaine spécialiste de l’histoire culturelle française et notamment de la Commune de Paris. Avec La forme-Commune, et à la suite de penseurs comme André Gorz et Françoise d’Eaubonne, Murray Bookchin et Silvia Federici, elle incarne "une pensée de l’incompatibilité fondamentale entre croissance capitaliste et survie humaine et planétaire".

La Fabrique, traduit de l'Anglais par Étienne Dobenesque, 14 €btn commande

 

9782754112802 001 TL'avis d'Anouk:

"Je peins des paysages remémorés que j’emporte avec moi, ainsi que les souvenirs des sentiments qu’ils m’ont inspirés".

Profitant d’une copieuse rétrospective consacrée à Joan Mitchell par la fondation Vuitton, les éditions Hazan ont la belle idée de publier en français ce livre qui fera date.

Joan Mitchell est une formidable peintre de paysages, ceux que l’on porte en soi comme ceux que le monde nous offre. Son lyrisme, la lumière qui émane de ses toiles, sa palette formidablement audacieuse font d’elle une artiste majeure de la deuxième moitié du 20e siècle. Le livre signé par l’historienne de l’art Sarah Roberts multiplie les angles d’approche pour éclairer une œuvre née dans le compagnonnage des peintres abstraits américains mais nourrie aussi par la peinture classique, de Chardin à Monet, par la musique, par la littérature. Les reproductions sont splendides, qu’il s’agisse des plus célèbres polyptiques, des œuvres sur papier ou des carnets de travail.

Un bel hommage à une œuvre flamboyante et à une femme artiste à la liberté inspirante.

Hazan, 49.90 €btn commande