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la disparition dHervé SnoutL'avis de Maryse:

Mercredi 17 avril 2024, c’est l’anniversaire d’Hervé Snout, 45 ans, et sa femme Odile remue une dernière fois dans la casserole de bœuf bourguignon qui mijote depuis la veille. Tout est prêt, les enfants sont rentrés du collège et sont disposés à passer à table, la grande villa est tranquille, et on n’attend plus qu’Hervé Snout. Il est en retard. Les minutes filent, les ados affamés commencent à manger. Il n’est pas arrivé. Les heures passent, la soirée se termine. Hervé Snout ne rentre pas. Ni le lendemain, ni les jours qui suivent, on ne reverra Hervé Snout. Le matin même, il s’était pourtant muni de sa verste, de ses clés, de son ordinateur et de son portefeuille, avait enfourché son vélo, comme d’habitude, pour se rendre à l’abattoir du bourg de province, une entreprise qu’il a reprise à bout de bras et qu’il dirige désormais de main de maître.

Où est passé Hervé Snout ?

La police s’empare indolemment de l’affaire, l’épouse est sidérée, le fils est désemparé, la fille est détachée. Les ouvriers de l’abattoir ne cessent pas leur ouvrage, les bestiaux continuent d’affluer en nombre, de beugler, de pleurer, de tomber, de se vider, d’être débités, emballés et livrés.

Qui est vraiment Hervé Snout ?

Dans ce roman haletant dont l’action est datée d’aujourd’hui, Olivier Bordaçarre élabore de manière impeccable une analyse glaçante du monde du travail, de la famille bourgeoise et du couple. Subtilement, chacun des protagonistes tient un rôle prééminent dans l’intrigue et le lecteur avance à tâtons dans l’ombre qui les submerge. Le style est incisif, parfois grinçant, et l’intensité du récit va crescendo, tout comme le pouls du lecteur qui dévore les pages jusqu’au bouquet final. La disparition d’Hervé Snout, par Olivier Bordaçarre, est un roman intelligent, efficace, et fort pertinemment classé dans la collection « Sueurs froides » chez Denoël.

Éditions Denoël, 21 euros.btn commande

passe partout togawaVous le savez: le réseau de librairies indépendantes Initiales désigne chaque année son PRIX MÉMORABLE. Un prix qui vient saluer le travail d’une maison d’édition pour faire connaître un auteur injustement oublié ou traduit pour la première fois en français.

Cette année, le prix couronne un détonnant roman paru au Japon en 1962, Le passe-partout de Masako Togawa. Une intrigue qui se joue des codes du roman noir avec un sens parfait de la subversion.

La résidence K est une résidence pour femmes célibataires. Chacune entretient derrière la porte de son appartement un jardin secret, Lorsque le passe-partout de la résidence disparaît et que les secrets si bien gardés risquent d'être révélés, cette micro-société se trouve bouleversée. Et plus personne n'est à l'abri...

Le passe-partout, c'est un savant mélange de fausses pistes, de dissimulation, de flash-back, de jalousies. Une intrigue malicieuse et pleine de zones d'ombre, parfaitement dépaysante, qui nous fait découvrir une autrice aux multiples talents. Méconnue chez nous, Masako Togawa est un mythe au Japon. Elle écrivit pas moins de cent romans, tout au long d’une vie haute en couleur. Masako Togawa, née à Tokyo en 1931, a embrassé plusieurs carrières, tour à tour romancière, actrice dans des films noirs, chanteuse de cabaret. Grande figure de l'avant-garde culturelle japonaise, proche de Mishima, Oshima ou Kawabata, elle a illuminé les nuits de Tokyo avec panache!

Alors oui, "Le passe-partout" est MÉMORABLE!

 

Retrouvez ici les romans couronnés par le Prix Mémorable.

 

Denoël, traduit du japonais par Sophie Rèfle, 19 euros btn commande

amour fouL'avis de Maryse :

Dans le rayon des polars français surgit une succulente découverte !

Dans un patelin côtier tranquille, alors qu’une jeune femme sans histoire est retrouvée noyée au pied du belvédère, les soupçons se portent naturellement sur son harceleur, un jeune diagnostiqué érotomane (se dit que quelqu'un affecté par l’illusion délirante d’être aimé) et paranoïaque, fils de l’éminent psychiatre du bourg de surcroît (comme dit l’adage, le fils du cordonnier...) Il échappe à la prison par le chas d’une l’aiguille. Alors, lorsqu’une deuxième victime, patiente du grand psy, est retrouvée sans vie au même endroit que la précédente, les enquêteurs sont bien résolus à boucler l’affaire sans délai. Comme si c’était si simple…

L’auteur va passer au peigne fin une galerie de personnages bien moins banals qu’ils ne paraissent : une mère bigote et cordon bleu, un père condescendant et coureur de (jeunes) jupons, une voisine d’en face curieuse et envahissante, un policier (seulement) municipal fumeur de pétards et traumatisé depuis l’enfance, une coéquipière amoureuse et moucharde, une amie de jeunesse pas très réglo… puis surtout, un paranoïaque profond aux pensées troublées, magnétiques et déstabilisantes. Bref, Amour fou est un bon gros nœud de points de vue divergents sur la même histoire, d’opinions tranchées, de conflits de loyautés, de mensonges (parfois juste par omission), de trahisons et d’élans d’amour menant le lecteur en bateau jusqu’à la dernière page !

Amour fou est un roman à énigme d’aujourd’hui, un thriller rythmé, parfois ludique, parfois drôle, ironique voire caustique, mais surtout pas stupide du tout. Pour cause, Denis Michelis y prouve à son tour – si besoin en est de le rappeler – que la littérature dite « de genre » est un vecteur parfait pour traduire nos angoisses et nos crises contemporaines, mais aussi pour exprimer une vraie critique sociale.

Une lecture captivante !

Notabilia, 23 euros.btn commande

Disponible en format numérique ici.