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oiseaux sans tete - jeanmartL'avis d'Anouk:

Quatre ans après la parution de "Blanès", auréolé du Prix Rossel, quel plaisir de retrouver l'écriture acérée et l'implacable sens du récit de Hedwige Jeanmart! "Blanès" enchantait par sa mélancolie fantasque et son ton enjoué. Aujourd'hui  "Les oiseaux sans tête" nous transportent dans un univers bien plus noir, mais quelle puissance, quels personnages inoubliables!

Le livre nous place dans les pas de Blanche, une jeune femme tourmentée en quête d'apaisement. Des années plus tôt, sa route a croisé celle de Daniel Deur. Blanche ne savait pas, au départ, que Daniel sortait d'une longue peine de prison pour un crime commis à l'âge de 18 ans. Elle a pourtant perçu d'emblée que l'histoire de cet homme devait recéler bien des zones obscures et un inquiétant potentiel de dérapage.

Dans un récit tendu de bout en bout, Hedwige Jeanmart nous fait partager l'angoisse, le dégoût, l'empathie qui s'emparent tour à tour de l'esprit de Blanche. On sort du livre profondément ébranlé, mais aussi épaté par le talent d'Hedwige Jeanmart. Son nouveau roman l'installe à n'en pas douter comme une voix qui compte.

Ne manquez donc pas sa venue à la librairie le 27 mars. Merci de confirmer votre participation par téléphone (081 22 79 37) ou par courriel.

Gallimard, 21 €btn commande

concours toutousLe mercredi 28 mars à 14 heures, nous aurons le plaisir d'accueillir la géniale Dorothée de Monfreid qui viendra fêter en notre compagnie la fin du concours "Tout tout sur les toutous" organisé par la librairie et L'École des Loisirs.

ces hommes qui expliquent - solnitL'avis d'Edith:

Les neuf articles, écrits entre 2008 et 2014 et retouchés pour leur parution groupée au sein d’un livre, déroulent le point de vue extrêmement nourrissant de Rebecca Solnit sur le féminisme et les inégalités de genre aujourd’hui. De l’anecdotique – ce patriarche blanc qui lui explique son propre ouvrage pendant une soirée sans entendre qu’elle en est l’auteure – au systémique – des chiffres et des cas de viols dans le monde entier –, Rebecca Solnit remet certaines pendules à l’heure et s’empare du pouvoir de raconter le monde pour avoir prise dessus. Elle permet ainsi au lecteur d’y voir plus clair sur certains mécanismes structurels de la domination masculine, comme par exemple le phénomène de discrédit potentiellement systématique auquel doit faire face une femme qui élève la voix contre le sexisme.

Rebeca Solnit éclaire aussi notre actualité d’exemples moins connus, comme le hashtag viral #YesAllWomen qui, en 2014, a eu un effet similaire au #MeToo des mois précédents. Ce hashtag visait à répondre à la réaction masculine « Pas tous les hommes » en montrant que si certes tous les hommes ne sont pas misogynes et violeurs, touts les femmes, elles, vivent bien dans la peur des hommes qui le sont.

Le livre montre comment une partie de l’histoire du féminisme est de parvenir à définir et nommer les oppressions et les violations. Harcèlement sexuel, viol conjugal, mecsplication… sont désormais des outils linguistiques (et parfois juridiques) pour redéfinir le monde et ouvrir la voie au changement. Par ses articles, Rebecca Solnit contribue à ce travail de titan.

La voix de Rebecca Solnit étant ainsi porteuse de ce message qu’il est fondamental de s’approprier le langage et le récit du monde pour pouvoir le changer, les Éditions de l’Olivier auraient difficilement pu trouver une voix aussi pertinente et salutaire que la sienne pour ouvrir leur nouvelle collection « Les feux ».

Malgré des exemples parfois accablants, le livre est porteur d’espoir, et Rebecca Solnit résolument optimiste. Certes le chemin est encore long, mais certes nous sommes en chemin, et certainement pas seul.e.s.

 

Editions de l'Olivier, traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy, 16 €btn commande

champ de bataille - colinL'avis d'Adrien:

Trois ans après son premier roman, "Eviter les péages", Jérôme Colin nous revient avec ce qui pourrait bien en être une suite. Après nous avoir narré les turpitudes de la crise de la quarantaine d'un jeune père, nous suivons un père éprouvé par la crise d'adolescence de son fils.

Jérôme Colin nous donne à voir un père dépassé par les événements familiaux et rattrapé par l'actualité internationale. Son couple semble englué dans la routine, sa fille est toujours dans l'insouciance de l'enfance mais pour combien de temps encore, et son fils, quant à lui, est en perpétuelle opposition. Ce dernier, odieux avec toute la famille, retranché en permanence dans sa chambre, un chaos sans nom,  communiquant en onomatopées injurieuses, revient tous les jours avec un journal de classe de plus en plus saturé de notes de discipline.

Avec beaucoup d'humour, de tendresse et de lucidité, Jérôme Colin transforme brillamment l'essai du premier roman.

Éditions Allary, 20,40 €btn commande

le pouvoir L'avis d'Edith:

Avec « La servante écarlate », Margaret Atwood proposait une dystopie où les femmes sont majoritairement reléguées au rôle de domestiques et cantonnées dans leur fonction reproductrice.

Avec « Le pouvoir », Naomi Alderman propose l'inverse. Un début d'utopie: un beau jour, les adolescentes de 15 ans découvrent une à une qu'elles peuvent maitriser un étrange pouvoir électrique. Peu à peu, toutes les femmes découvrent ce pouvoir en elles et se retrouvent capables de se défendre – et d'attaquer – avec une force qu'elles n'avaient jusque là jamais eue, renversant peu à peu les rapports de force entre les sexes. Mais au fil des pages, le roman devient dystopie. Des femmes, grisées par ce nouveau pouvoir physique et l'accès au pouvoir qu'il permet, en viennent à commettre les mêmes crimes autrefois perpétrés par des hommes.

Ce qui est au début intéressant (un artefact féminin qui rétablit l'équilibre), voire carrément excitant (un super pouvoir!), s'avère vite dérangeant. Ce qui s'annonçait comme un jouissif roman rétablissant l'égalité entre les sexes et l'avènement d'une société meilleure devient un exercice de visualisation, enrichissant mais perturbant. L'auteure décline effectivement des situations brutales actuelles de domination en inversant les rôles: les hommes sont dominés, les femmes sont dominantes. Au final, une réflexion colorée sur le pouvoir dont lectrices et lecteurs ne ressortiront pas indifférents.

Calmann Levy, traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Christine Barbaste, 24,55€ btn commande