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batir aussiL'avis d'Edith:

"Bâtir aussi", c’est ce que les plus optimistes révolutionnaires parmi nous n’ont même jamais commencé à imaginer. "Bâtir aussi", c’est la vie, concrète, pourrie et merveilleuse, débarrassée du capitalisme et des entraves qui vont avec. Ce quotidien, les Ateliers de l’Antémonde nous en proposent des morceaux dans ce livre de nouvelles résultat d’un travail d’écriture collective.

A travers ces bouts d’une société qui déconstruit et se redéploie en tentant de mettre à bas les dominations, "Bâtir aussi" nous offre des bouffées d’air frais. Certes, il s’agit d’ «utopies pourries», car non, tout n’a pas miraculeusement changé en dix ans, sexisme et fâcheux n’ont pas disparu en 2020. Mais l’Haraka et ses nouvelles sociétés tentent de faire avec, et surtout sans. Au final, le livre entrouvre un horizon de questions inspirantes et perturbantes (Comment on se déplace désormais? Comment on fait avec l’énergie limitée?), et surtout, surtout, tellement désirable.

Certain.e.s d’entre nous connaissaient peut-être déjà la célèbre phrase de Durruti : "Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs". Mais qui savait que la phrase entière, qui commence le livre, est celle ci ? : "Nous n’avons pas peur des ruines. Nous sommes capables de bâtir aussi. Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs".

Cambourakis, collection Sorcières, 12 €btn commande

lanny - porterL'avis d'Edith:

Dans ce nouveau bijou de Max Porter, nous sommes dans un village de campagne. La vie est moderne, mais les pierres et les arbres y ont toute une histoire, habitée d’âme ferme par le Père Lathrée-Morte, légende parmi les légendes, qui se fond en toute chose et se nourrit des voix qui bruissent et des discussions qui crépitent.

Dans ce village, il y aussi Lanny, petit garçon fantasque et joyeux. Le reste, c’est le métro-boulot-dodo qui rencontre le mythe, avec Lanny comme pont entre les deux.

Dans un registre plus lumineux que "La douleur porte un costume de plumes", Max Porter trempe à nouveau sa plume dans une encre onirique, en parsème le quotidien et en réenchante les coins. Sa langue est poétique, ses personnages savoureux et magiques. On aime le Père Lathrée autant qu’il nous fait peur, et on voudrait tou.te.s bien avoir un petit Lanny comme voisin.

Traduit de l'anglais par Charles Recoursé, Le Seuil, 20 €btn commande

furtifs - damasioL'avis d'Edith:


Alain Damasio n’écrit pas beaucoup, mais qu’est-ce qu’il écrit bien! Une SF unique: un langage poétique de haut niveau, un imaginaire percutant, une intrigue qui ouvre l’esprit. Dans "Les Furtifs", le capitalisme est plus féroce que jamais. Les villes sont privatisées, les forfaits standards n’ont accès aux grandes artères qu’à des heures misérables et bondées, et quelques autres idées de génie, qui ressemblent méchamment au présent.

Dans ce présent étouffant, Damasio glisse une idée furtive... L’idée d’êtres furtifs, qui échapperaient intrinsèquement à tout ça. Et qui répondraient, dans leur subversif et insaisissable rapport au monde, à ce que les marginaux et rebelles de cette société-là tentent encore.

Aussi brillant que les deux romans précédents de l’auteur, "Les Furtifs", toute science-fiction que ce roman soit, est plus que jamais proche de notre présent à nous . Et plus que jamais il contribue au si nécessaire travail de réenchanter nos imaginaires pour pouvoir faire face, avec force et créativité, aux défis d’aujourd’hui.

La Volte,25 €btn commande

besoins artificiels - keucheyanL'avis d'Adrien:

Ce n'est pas nouveau, les besoins artificiels nous aliènent et leur prolifération sous-tendent le consumérisme ; de plus, ils sont écologiquement néfastes.

A travers quelques thématiques, en commençant par la pollution lumineuse et le droit à l'obscurité, puis en présentant les théories des besoins de Karl Marx, André Gorz et Agnes Heller, le sociologue Razmig Keucheyan soulève les questions de "comment couper court à cette prolifération des besoins artificiels [et] comment par là même sortir du consumérisme".

Il dissocie les besoins artificiels des besoins authentiques et montre le potentiel révolutionnaire de ces derniers. Et de citer Marx: "une révolution radicale ne peut être que la révolution des besoins radicaux".
La Découverte - Zones, 19.55 €btn commande

croire aux fauves - martinL'avis d'Anouk:

Nastassja Martin est anthropologue et étudie les populations animistes de l'Alaska et de la Sibérie. De ses années passées chez les Gwich'in, elle a rapporté un livre fabuleux, "Les âmes sauvages", publié par La Découverte (notre chronique est ici: https://bit.ly/36NPB1p).

Avec "Croire aux fauves", elle brouille les pistes, proposant un livre au croisement entre littérature anthropologique et récit intime.

Dans ce livre de seuils et de métamorphoses, elle nous raconte sa rencontre avec un ours dans le Kamtchaka. Elle n'aurait pas dû sortir vivante de la gueule de l'animal. Et pourtant elle est là, l'intelligence affûtée, faisant de cette expérience-limite un nouveau terrain d'études.

Le livre est tout à la fois le récit d'un corps à réparer et celui d'une âme qui fait place au fauve en elle. Mythologique et politique, passionnant de bout en bout, "Croire aux fauves" est un texte d'une telle richesse qu'on n'a pas fini de vous en parler.

Verticales, 12.50 €btn commande