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Bonjour Anita ilheim abdel jelilNous sommes très impatients de vous inviter à rencontrer Ilheim Abdel-Jelil ce samedi 27 avril à 11 heures au Quai 22. Venez, petits et grands, découvrir son univers infiniment doux, délicat, lumineux et souriant!

Ilheim Abdel-Jelil est née et vit à Namur. Elle illustre des albums jeunesse, en complicité avec Gwendoline Raisson, une autrice incontournable de l’Ecole des Loisirs.

Ensemble, elles ont publié deux albums chez Pastel, la branche belge de l’Ecole des Loisirs: Ma mère est une forêt (2021) et C’est beaucoup de soucis d’élever un doudou (2023), deux albums empreints de poésie et qui parlent avec tendresse des étapes importantes de la petite enfance.

Ensemble toujours, elles poursuivent l’aventure avec cette belle maison d’édition et nous offrent aujourd’hui un livre pour les tout-petits. 

Bonjour Anita, album tout-carton, célèbre la venue au monde d’une petite fille. Tout à tour, le soleil, l’arbre, le ruisseau et bien d’autres viennent la saluer et l’accueillir. La rassurer aussi.

bertha et moiL'avis de Maryse:

Hier, je suis tombée. J’ai trébuché sur un caillou et paf. Genou tout écorché, sang qui coule et ça brûle beaucoup, beaucoup ! Papa a nettoyé ma plaie et m’a dit que bientôt, j’aurais une jolie croûte. Je l’ai, la croûte, mais elle n’a rien de joli. On dirait un hamburger pas mangeable. Et, malgré les promesses de maman, elle ne tombe pas, on dirait bien qu’elle est là pour rester ! Alors, puisqu’elle me suit partout, je l’ai prénommée Bertha. Je commence à m’habituer à elle, je l’observe et je lui raconte mes secrets… Jusqu’au matin où, à mon réveil, Bertha a disparu, sans même dire au revoir !

Le temps a passé maintenant. Sur mon genou se trouve une cicatrice blanche et douce, qui, souvent, me rappelle ma Bertha, sa présence et les moments passés ensemble…

Cette étrange histoire d’amitié entre une petite fille et la croûte de son bobo est à la fois drôle, douce et émouvante. Car en effet, avec ses illustrations flamboyantes de fluo – son style si singulier qu’on adore –, Beatrice Alemagna nous y raconte le temps qui passe, bordé d’épreuves parfois douloureuses, ce temps qui nous change, nous guérit, laisse parfois des traces sur chacune et chacun d’entre nous. Ce qui fait que nous sommes nous.

De l’art d’engendrer l’émotion à partir d’une croûte de bobo…

À partir de 5 ans.

L'école des loisirs, 14 euros.btn commande

pouponniere dhimmler de mulderL'avis d'Anouk:

Dans la Bavière à feu et à sang de 1944, Heim Hochland demeure paisible. L’ambiance est feutrée, la nourriture abondante, l’hygiène irréprochable. Dans cette maternité modèle des nazis, femmes enceintes et jeunes mères avec leurs bébés semblent protégées de la dévastation. C’est ce lieu et sa sinistre ambivalence qui sont au centre du nouveau roman de Caroline de Mulder, La pouponnière d’Himmler. Au Lebensborn s’incarne l’obsession eugéniste insensée des nazis, obsession engluée dans la contradiction puisque le prétendu service de la vie alimente une idéologie visant la mort – le destin de ces enfants mâles si choyés n’est-il pas de mourir glorieusement pour l’Allemagne ?

Trois personnages font explorer la complexité d’Heim Hochland. Il y a d’abord Renée, une jeune Normande tondue dans son village lorsqu’on apprend qu’elle est enceinte d’un soldat allemand. En fuite, Renée trouve refuge dans l’Allemagne ennemie. Au Lebensborn, elle croise une infirmière à peine plus âgée, Helga. Cette femme qui, il n’y a pas si longtemps encore, vivait sans remettre en cause la nécessité de son institution est de plus en plus habitée par le doute. Son journal intime rend compte de ses hésitations, encore vacillantes et fragilisées par la conscience de leur inconvenance. Enfin il y a Marek, prisonnier polonais détaché du camp de Dachau pour travailler dans le parc de la maternité, un homme ravagé par la faim et luttant pour sa survie. Les murs érigés entre ces trois personnages sont infranchissables mais ils sont parfois percés par des gestes d’empathie, comme un reste d’humanité qui aurait échappé au totalitarisme de la pensée nazie.

À Heim Hochland, on vit retranché du monde et du temps dans un huis-clos de plus en plus oppressant. Et pourtant la violence du dehors s’éprouve à chaque instant, la guerre invisible trouble toute pensée, l’ombre de l’extermination s’étend partout. C’est la force de l’écriture de Caroline de Mulder de rester au plus près des flux de pensée de ses trois personnages tout en faisant éprouver puissamment le hors-champ et en suggérant toute la complexité de l’époque.

Intense et malaisante, la lecture de La pouponnière d’Himmler est une plongée au cœur de la machinerie totalitaire et de la façon dont elle s’empare des corps et des esprits.

Gallimard, 21.50 eurosbtn commande

exil toujours recommencé defossez fassinL'avis d'Anouk:

C’est un livre passionnant, qui se tient en équilibre sur le fil ténu entre recherche scientifique et engagement citoyen.

Anne-Claire Defossez, sociologue, et Didier Fassin, anthropologue et médecin, y déplient leurs chroniques de la frontière franco-italienne. Les Alpes, et tout particulièrement la région de Briançon, sont une voie empruntée chaque année par quelques milliers d’exilés, femmes, hommes et enfants. Démographiquement, c'est marginal. Et pourtant: ces quelques milliers de personnes pèsent un lourd poids politique. Dans leur tentative de gagner la France, qui n'est souvent que la dernière étape d'un périple long et périlleux vers le Royaume-Uni ou le Nord de l'Europe, ces personnes exilées doivent faire face à la militarisation de la zone frontalière et à un ahurissant déploiement de forces de l’ordre dont la mission est de les refouler.

Mais le Briançonnais est aussi, de longue date, une terre de luttes et de résistance. De très nombreux habitants de la région, soutenus par des citoyens venus de plus loin, s’y relaient pour porter accueil et assistance aux exilés. Maraudeurs, hébergeurs, associations... tous ces acteurs de la solidarité pas si ordinaire prennent eux aussi des risques alors qu'ils tentent de donner sens au principe consitutionnel de fraternité. Harcèlement, contrôles, interpellations: tout est mis en place pour décourager leurs actions.

Ces trois groupes humains (exilés, forces de l’ordre et volontaires) ont à interagir avec des éléments qui les dépassent : la frontière d’une part, institution protéiforme et menaçante, où se jouent l’espace et le temps ; la montagne d’autre part, à la fois protectrice et source de dangers supplémentaires. Alors que la frontière entre deux États membres de l'Union Européenne est une notion que l'on pensait vouée à la dissolution, voici qu'en ce début du 21e siècle cette frontière retrouve vigueur. Elle n'est plus une ligne mais une zone qui étend sa menace sur plusieurs kilomètres de part et d'autre. La menace et l'insécurité s'en trouvent décuplées pour les exilés. Et puisque la frontière passe à travers les montagnes, elle pousse ces hommes, ces femmes et ces enfants, souvent mal préparés et peu équipés, à prendre des risques considérables, allant jusqu'à mettre leur vie en danger.

Ce sont toutes ces dimensions qu’éclaire le travail précis et précieux des deux auteurs. De leur « observation participante », ils tissent un savoir fragile et inquiet mais essentiel pour ébranler les murs de notre trop grande indifférence.

"Les frontières racontent l'histoire – l'histoire des nations et l'histoire des gens. Elles disent l'histoire de notre temps".

 

Éditions du Seuil, La Couleur des Idées, 24 eurosbtn commande

edith la petite fille qui avait 100 ans valckxL'avis d'Anouk et Régis

On aime tout chez Catharina Valckx: le trait vif et la fantaisie, le sens de l’humour et celui de l’amitié, l’attention aux plus petits et cette façon bien à elle de raconter des histoires écrites juste à la bonne hauteur, celle des enfants.

Quel plaisir aujourd’hui de mettre nos pas dans ceux d’Edith, la petite fille qui avait cent ans ! C’est qu’Edith ouvre de nouveaux chemins dans l’œuvre de Catharina Valckx. C’est un livre audacieux par son format – une histoire au long cours, un vrai roman porté par l’écriture riche et subtile de l’autrice; audacieux surtout par les questions qu’il aborde et qu’on ne lit pas si souvent dans les livres pour enfants: la perte, la vieillesse et la mort, ce temps dont on aimerait s’affranchir mais qui est le cœur de nos vies. Catharina Valckx fait confiance aux enfants, à leurs émotions et à leurs intuitions. Elle a bien raison.

Voici donc l’histoire d’Edith, une petite fille qui a cent ans. Cent ans ? Pas possible ! Mais si: c’est une fée qui a offert à Edith l’enfance éternelle, il y a un siècle de cela, au temps où les fées existaient encore même si elles commençaient à se faire rares. Les parents d’Edith sont follement heureux: pour leur fille, il n’y aura que les jeux et les rires de l’enfance, toute une vie d’insouciance. Et pourtant…


À sept ans, Edith cesse de grandir. Ses amis se détournent bientôt d’elle. Ils ont leur vie à vivre, eux, et ne peuvent pas rester éternellement dans le monde de leurs sept ans. Et voilà la solitude qui s’empare du cœur d’Edith. Une solitude si profonde et si triste que rien ne peut la combler, pas même la présence de ses parents aimants. « L’éternelle enfance, c’est juste l’éternel ennui ».


Et puis un jour Edith a cent ans. C’est un anniversaire en or, il porte en lui un peu de magie. Ce jour-là, Edith décide d’utiliser cet autre don offert par une très jeune fée, la première à s’être penchée sur son berceau : elle va animer un objet. Et pas n’importe lequel. Edith choisit un joli citron. Une formule magique plus tard, il devient Ikki, un super compagnon pour Edith et son chien Polochon. La petite fille de cent ans ne le sait pas encore, mais Ikki va transformer sa vie.


Ikki comprend vite la tristesse d’Edith et… il a un plan. Un plan en apparence très simple: il suffit de trouver une fée capable d’annuler le don de l’éternelle enfance. Il faudra de l’obstination et du courage à nos amis pour arriver à leurs fins. Un peu de chance aussi, sous la forme d’un vieux lutin rencontré par hasard. Il faudra surtout, pour Edith, accepter que le temps la reprenne dans sa course, avec tout ce que cela implique, se plier à ses lois implacables, vieillir et mourir un jour. Mais Edith est prête, accompagnée par de nouveaux amis. L’aventure est belle: c’est celle de la vie !


Edith est un album qui deviendra un classique. On s’y fait des amis chers, ceux qui devinent avant même qu’on l’ait formulé tout ce dont nous avons besoin. On y réfléchit à ce que c’est que l’enfance. Et puis il y a le dessin au trait si épuré de Catharina Valckx, les clins d’œil aux lignes Art Déco (Edith naît aux alentours de 1920), l’attention aux tissus et aux textures, et cette palette douce où éclate le jaune pétillant d’Ikki.


Pour tout cela et tant d’autres choses encore, on vous le prédit: Edith est un album que vous connaîtrez bientôt par cœur et relirez au moins autant de fois qu’Edith a d’années.

 

L'École des Loisirs, 16 eurosbtn commande