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transparence du temps - paduraL'avis d'Anouk:

On dit parfois que le roman policier est la meilleure porte pour accéder à l’âme d’un pays. Pas certain que l’on puisse réduire les aventures de Mario Conde à son ancien uniforme de flic, et pourtant c’est une évidence: les livres qui le mettent en scène, signés de l’immense Leonardo Padura, immergent leur lecteur dans la vie cubaine et distillent des images, des odeurs, des sensations puissantes. Depuis 1991 que Mario Conde arpente les romans de Padura, il est devenu notre guide dans la lumière et la misère de La Havane – un guide érudit, formidablement attachant et jamais complaisant. Aussi, ouvrir La transparence du temps constitue déjà la promesse de retrouvailles avec Conde et sa tribu, et l’on ne sera pas déçu. Une intrigue prenante, l’humour et l’acuité, des repas fraternels et arrosés, la finesse de l’analyse politique: Padura est à son meilleur.

 

Chargé par un ancien copain de lycée devenu marchand d’art de retrouver une statue de la Vierge noire, Mario Conde nous emmène dans une passionnante enquête sur la santeria, religion populaire héritée des siècles de l’esclavage. On le suit aussi dans un effroyable bidonville aux portes de la ville, où s’entassent dans des conditions dantesques des réfugiés venus des provinces pauvres de l’Est de Cuba. Au cours de l’enquête, les cadavres se multiplient, le rythme est soutenu et Conde prend pas mal de bosses et de coups au cœur. Mais ce qui fait le charme et l’intelligence des livres de Padura tient davantage aux moments où le temps se suspend, entre savoureuses tranches de vie et réflexions de Conde sur les années qui passent, les amis qui s’éloignent, le destin de son île. Le parfait roman de votre été, tout à la fois malin, truculent et mélancolique.

 

Traduit de l’espagnol (Cuba) par Elena Zayas, Métailié, 23 €btn commande

 

amis - gabelL'avis de Régis:

Vif, drôle, mélancolique et follement attachant, le premier roman d’Aja Gabel est LE livre de votre été!

En plus d’être musicienne, cette jeune auteure américaine s’inscrit d’emblée dans la grande tradition des romanciers anglo-saxons jubilatoires, qui ont cet art si particulier de vous happer totalement, de vous faire vivre, aux côtés de leurs personnages, des heures de lecture intenses qui vous arrachent au quotidien. On pensera au cultissime Tout petit monde de David Lodge, paru chez le même éditeur il y a trente ans. Une immersion dans un microcosme tout aussi cruel, passionnant et ambitieux que celui du milieu universitaire: celui de la musique, et plus particulièrement de la musique de chambre, et plus précisément encore du quatuor à cordes!

Sur près de vingt ans, du début des années 90 à San Francisco aux années 2010 en Californie du Nord, Brit, Jana, Henry et Daniel sont les brillants musiciens du quatuor Van Ness, pour le meilleur ou pour le pire. Ces « amis », reliés par des sentiments parfois très contradictoires et souvent inavouables, vont tenter de vivre cette expérience exaltante et peu commune d’atteindre ensemble l’harmonie idéale, «encordés» qu’ils sont au service des œuvres travaillées. Combien de renoncements nécessaires pour cela, d’ambitions retenues, de larmes ravalées? Comment rester celle ou celui qu’on rêvait d’être tout en se mettant au service de cette carrière exigeante? Années après années, de francs succès en passages à vide, d’amours contrariées en réconciliations amicales, de tensions glaciales en moments de complicité fusionnelle, les quatre amis vont tout simplement apprendre à vivre et à grandir.

Parfaitement construit en quatre mouvements et une coda, tout comme la forme musicale qu’est le «quatuor à cordes», ce roman intemporel, tout en nuance, nous montre l’endroit et l’envers d’une telle aventure musicale, entre émotion et perfection. Et c’est la vie, la leur, la nôtre, qui jaillit à chaque page, pour notre grand plaisir !

 

Rivages traduit de l’anglais (États-Unis) par Cyrielle Ayakatsikas, Rivages, 22.80 €btn commande

en lieu sur - stegnerL'avis de Clémence:

Avec En lieu sûr, Wallace Stegner signe un récit magistral sur la vie. Le narrateur, d'un âge avancé, revient sur ses belles années lorsqu'il enseignait à l’Université de Wisconsin et venait de s'y installer avec sa bien-aimée Sally. Arrivés par hasard dans cette ville qui ne paye pas de mine, tout leur parait étrange et à apprivoiser mais est surtout synonyme de nouveau départ. Ils se voient accueillis merveilleusement bien par Charity et Sid, deux collègues de l’Université. Rencontre magique, qui fait naître en quelques instants une amitié profonde et inépuisable entre les deux couples. Animée par l’admiration que chacun porte à l’autre, cette amitié sera le bouclier pour affronter les tournants/tourments de la vie. En lieu sûr retrace les liens intenses, parfois charnels, qui se tissent entre des personnes rencontrées au hasard, ne trouvant plus jamais la force de se séparer. Wallace Stegner décrit cette amitié avec une telle puissance qu'il nous empêche d'y être indifférent, voire nous amène à en être jaloux.

Ce roman est aussi l’éloge de la sagesse accumulée au cours d’une vie. Se penchant avec mélancolie et nostalgie sur les années révolues, le narrateur nous rappelle que, si les sentiments ont changé, ils restent ancrés : l’amitié et l’amour n’ont jamais été aussi forts qu’au seuil de la mort. Le temps est au souvenir, il passe lentement et ravive les moments clés de l'histoire de ces hommes et femmes.


Dans une prose exceptionnelle, Wallace Stegner nous invite à un voyage dans les grands espaces américains, avec des références littéraires par centaines. On a un plaisir inoui à se plonger dans le roman, et on voudrait n'en plus jamais sortir.


Traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Chédaille, Gallmeister, Totem, 11 €btn commande

 

Dans ce dernier roman, Wallace Stegner signe avec prouesse un récit magistral sur la vie. Le narrateur, d'un âge avancé, revient sur ses belles années lorsqu'il enseignait à l’Université de Wisconsin et venait de s'y installer avec sa bien-aimée Sally. Arrivés par hasard dans cette ville qui ne paye pas de mine, tout leur parait étrange et à apprivoiser mais est surtout synonyme de nouveau départ. Ils se voient accueillis merveilleusement bien par Charity et Sid, deux collègues de l’Université. Alors que leur rencontre remonte à quelques instants, une amitié profonde et inépuisable naît entre ces deux couples. Animée par l’admiration que chacun porte à l’autre, elle sera le bouclier pour affronter les tournants/tourments de la vie. En effet, ce deuxième couple, issu de la bourgeoisie, deviendra le garant financier mais surtout émotionnel de Charity et Sid. On pourrait y apercevoir L'amicitia de Cicéron, où le rôle de l'amitié est exalté comme un élément majeur pour une vie sociale équilibrée. Ce roman retrace donc les liens intenses, parfois charnelles, qui se tissent entre des personnes rencontrées au hasard des rues, ne trouvant plus jamais la force de se séparer. Parfois étouffante, l’amitié termine néanmoins par ranimer les cœurs. Wallace Stegner la décrit de sa plus belle plume et nous empêche d'en être indifférent, voire nous amène à en être jaloux.

Ce roman est aussi l’éloge à la sagesse, accumulée au cours d’une vie, qui se penche avec mélancolie et nostalgie sur les années révolues. Les sentiments ont changé mais restent ancrés : l’amitié et l’amour n’ont jamais été aussi forts qu’au seuil de la mort. Le temps est au souvenir, il passe lentement et ravive les moments clés de l'histoire de ces hommes et femmes.

Avec une prose exceptionnelle, un voyage dans les grands espaces américains, des références littéraires par centaines, Wallace Stegner nous invite à nous plonger dans ses pages et à ne plus jamais en sortir.

 

Clémence Plumier

Librairie Point-Virgule (Namur)