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partie de badmintoL'avis d'Adrien :

Avant tout, je dois confesser que c’est mon premier Olivier Adam. Et j’ai justement trouvé qu’Une partie de badminton avait la fraîcheur d’un premier roman plus que réussi, à trop vouloir embrasser mais en étreignant bien, surmontant les obstacles et déroulant  un récit construit avec simplicité et fluidité.


Tous les cinq ans, Olivier Adam met en scène son double narratif Paul Lerner dans un bilan lucide et acerbe de sa vie (Falaises, Des vents contraires, Les lisières). Lerner est donc aujourd’hui un écrivain au succès passé qui, après avoir fait le trajet Bretagne-Paris, repart plus minable qu’avant en sens inverse faute de ventes de ses derniers livres. Sa fille adolescente en veut plus que vivement à ses parents d’avoir dû quitter leur vie parisienne, son fils pré-ado béat se plonge dans le surf et les jeux video, quant à sa femme,prof dans une école sans éclat aux élèves apathiques mais également prof dans un centre pour migrants, vit depuis quelque temps une liaison adultérine passionnée avec une femme. Ajoutez que Paul est suivi à longueur de temps par une mystérieuse femme, une fan détraquée  ?, qu’il apprend qu’un vieil ami écrivain prometteur vient de décéder dans l’anonymat, qu’il est en prise avec le maire de sa ville ayant dénoncé les accords de celui-ci avec des entrepreneurs en passe de défigurer le littoral, que des jeunes nationalistes viennent taguer les murs de sa maison de menaces et vous voyez Paul Lerner englué dans un marasme sans nom.


Si le Paul Lerner d’il y a cinq ans aurait réagi de façon dramatique et plaintive, il n’en est rien du Paul Lerner d’aujourd’hui  ; à 45 ans, il n’est plus temps de jouer au vieil ado geignard mais de prendre tout ça avec philosophie et lâcher prise (cf. la superbe phrase de Richard Ford en exergue au roman). Olivier Adam continue d’aborder avec subtilité et intelligence les grands thèmes qui lui sont chers, la famille, la crise d’identité, l’état de la classe moyenne, l’inadaptation sociale,  la France périphérique, mais il le fait avec un humour décapant et une auto-dérision qui fait plaisir à voir chez un écrivain parisien (breton ?) de cette trempe ! 

Flammarion, 21 €btn commande