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Pour lamour des livres - Michel Le BrisL'avis de Delphine

« Nous naissons, nous grandissons dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leurs échos éveillés en nous, ne resterions-nous pas tels des enfants perdus dans les forêts obscures ? Donnant mots, visage à l’inconnu du monde, nous révélant à nous-mêmes, ils sont, si l’on y réfléchit, notre première, notre véritable demeure » : c’est ce que tout lecteur sait, et ce dont témoigne avec ferveur Michel Le Bris, dans son dernier ouvrage, Pour l’amour des livres, où se mêlent avec bonheur différents genres.

C’est d’abord une autobiographie, celle d’un lecteur vorace et dévoré, passionné et passionnant. Michel Le Bris y raconte la découverte des livres, qui relève de l’initiation – on entre en littérature comme en religion ; c’est un seuil qui, une fois franchi, s’efface derrière nous, interdisant tout retour en arrière. Il rend par la même occasion hommage à l’instituteur sensible et perspicace qui lui a ouvert les voies de la lecture et de l'écriture. Sont aussi évoqués – ce sont des lieux communs du genre – des problèmes qui se posent à tous les lecteurs : celui de l’espace qui se réduit comme peau de chagrin sous la prolifération des livres et la question, cruciale et jamais résolue, sinon provisoirement, du classement des ouvrages.

C’est ensuite un essai, qui explore différentes questions littéraires et intellectuelles : Michel Le Bris, esquisse une réflexion sur la nature et les vertus de la poésie – sans la définir, car il sait comme tout un chacun que c’est impossible. Il exprime aussi des positions tranchées et fermes sur quelques errances et fourvoiements du XXe siècle, auxquels il n’a pas toujours échappé : « les théories mortifères des ‘‘avant-gardes’’, et les afféteries ‘‘ postmodernes’’ » ; le structuralisme, qui a désincarné la littérature en évacuant le sens, le sujet et l’histoire – ce qui revient à la vider de sa substance ; la confiscation par les sciences humaines de domaines qui, jusque-là, étaient l’apanage de la littérature et sur lesquels la littérature tient, selon Michel Le Bris et de l’aveu de certains grands représentants de ces disciplines, un discours plus riche, plus nuancé et plus juste ; le communisme et l'engouement aveugle et sourd qu'il a suscité.

C’est enfin un manifeste ardent en faveur de la littérature, ou d’une certaine littérature : Michel Le Bris, féru de Stevenson, ne prise guère l’autofiction, le réalisme forcené, les purs jeux de forme et de langage, l’intellectualisme. Il défend une littérature de l'imaginaire, qui raconte des histoires, emporte et captive ; qui donne sens et texture à l’existence, s’adresse au « poème en l’homme : cette part en lui qui le fait libre », et porte en elle, comme une exigence, un phare et un rempart, le message que « nous sommes plus grands que nous ».

 

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