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clair obscurL'avis d'Adrien :

Semple est un simple, l’idiot du village que tout le monde fuit. A l’école, il cherche la bagarre et celui qui accepte le duel est considéré comme un ami par Semple. Que ce dernier soit battu, violenté, recraché comme un vulgaire glaviot par l’adversaire, cette confrontation reste pour lui une façon de se faire accepter par le monde dans lequel il vit et pour lequel il reste un éternel paria. Il traîne néanmoins de loin avec une petite bande ayant pour leader Harold Hunt, un jeune nanti un peu crâneur qui entretient une liaison avec la fille la plus populaire du collège, Carole. Une liaison bien chaste qui ne sied pas à Harold. L’horrible personnage et sa bande mènent l’entreprise perverse, malsaine, horrifiante, de violer collectivement, quand bon leur semble, une fille de l’école un peu paumée, Marjorie Butts. Autant dire que quand Carole découvre le crime, cela ne se passe pas bien, et Semple devient acteur et victime collatérale du drame qui survient.

Deuxième roman de Don Carpenter après Sale temps pour les braves, son chef-d’œuvre, n’ayons pas peur des mots, Clair Obscur reste dans la veine du roman noir. Et si ce n’est de temps à autre des phrases digressives un peu longuettes qui parfois nous perdent – d’autant que le roman ne commence ni par le début, ni par la fin, mais par le milieu de l'histoire – Carpenter fait toujours mouche. Il a cette façon bien à lui de coller au plus près de la psyché de ses personnages, le manichéisme est à une distance incommensurable de son univers. Cela en devient stupéfiant, c’est sa force, nous faire rentrer dans la peau et surtout les pensées, même les plus inavouables, des protagonistes. Carpenter aurait beau nous raconter ce que bon lui semble, il sonne tellement juste qu’il touche le lecteur durablement et en plein cœur. Merci aux éditions Cambourakis, bravo à Céline Leroy pour sa traduction, continuez comme ça, le noyau d'admirateurs de Donnie s’agrandit à chaque livre et notre joie est grande de savoir qu’il reste quelques-uns de ses romans à faire découvrir au public francophone !

Cambourakis, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, 18 €btn commande

024L'avis d'Adrien :

Il y avait de quoi avoir peur. Premier roman d’un acteur new-yorkais – Michael Imperioli a notamment tenu le rôle de Christopher Moltisanti, bras droit du Parrain de la mafia Tony Soprano dans la série Les Sopranos, un livre qu’on rapproche du roman culte L’attrape-cœurs de Salinger, Lou Reed en guest star… Autant d’éléments qui intriguent et qui rassemblés en un seul livre sentent le pétard mouillé. Il n’en est rien, tout fonctionne et d’emblée le jeune héros de Wild Side nous happe par sa façon de raconter les histoires, par son humour bancal, par ses réflexions lucides de jeune ado un peu perdu.

Au mitan des années 1970, Matthew vit dans le Queens avec sa mère, usée par la vie et amortie aux anxiolytiques. Orphelin de père, père de toute façon démissionnaire, Matthew et sa mère passent du très middle-class Queens à l’arrondissement cossu de Manhattan à la faveur d’un héritage du grand-père bien aimé récemment disparu. A côté de cette nouvelle vie et de ces nouveaux codes à acquérir, Matthew se lie d’amitié, une amitié bien particulière, avec un surprenant voisin, musicien expérimental, qui n’est autre que Lou Reed, ce dernier vivant alors une idylle avec la transgenre, Rachel. Par ailleurs, Matthew s’éprend de Veronica, belle et intelligente camarade de classe nourrissant des aspirations de grande écrivaine.

Comme tout bon roman initiatique, Wild Side brasse son lot de découvertes où l’on côtoie la mort, l’amour, la musique mais aussi la vivacité virevoltante d’un New York rugueux, non encore aseptisé. Le ton lucide et moqueur de Matthew donne vie à des scènes parfois hilarantes, souvent touchantes. Wild Side est tout simplement beau, très réussi et Matthew, son jeune héros reste, tout comme a pu le faire le Holden Caulfield de Salinger, longtemps à l’esprit.

Autrement, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Heloïse Esquié, 20.90 €btn commande

017L'avis d'Adrien :

Oklahoma, Tribu des Osages, début du XXe (jusqu'à aujourd'hui).

Quand une tribu amérindienne parquée sur des terres gorgées d'or noir s'enrichit, les visages pâles s'en mêlent. Nous avons alors à faire à des tuteurs, trésoriers, curateurs malintentionnés, un enchaînement de meurtres par empoisonnements, accidents en tout genre bien ou mal déguisés, des spoliations en règle. Le livre se développe en deux parties. La première retrace cette histoire. La deuxième montre comment une poignée d’hommes a essayé d’endiguer la machine infernale en enquêtant et révélant au péril de leur vie la sombre affaire.

Avec "La note américaine" de David Grann, on est plutôt du côté du journalisme que du journalisme littéraire, en bref, le style d’écriture n’est pas foncièrement éblouissant, mais quel journalisme, quelle enquête phénoménale! C'est fouillé en diable, captivant, ahurissant et révoltant de voir toutes les ramifications établies pour tant de meurtres commis et camouflés, passés sous silence, tant de familles dépouillées... Et il est fou de voir comment finalement un seul homme a su tenir bon et mener l'enquête (quasi) à bien, mettant en lumière par sa compétence et sa persévérance la toute puissance en devenir du FBI alors balbutiant.

Globe, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cyril Gay, 22 €btn commande