librairie
point virgule

Rue Lelièvre, 1 B-5000 Namur | Tél. : +32 (0)81 22 79 37 | info@librairiepointvirgule.be | Du lundi au samedi de 9h30 à 18h30

bleuets - nelsonL'avis d'Anouk:

L'écriture du fragment est un art bouleversant. Le fragment est fragilité, dépouillement, solitude. Il fait place au silence, qu'il n'essaie surtout pas de combler. Le fragment sonne comme un écho d'éternité, il porte en lui la densité de l'héritage philosophique grec archaïque, le balancement du haiku, la précision d'une description scientifique.

On imagine difficilement les magnifiques Bleuets de Maggie Nelson écrits autrement que dans cette forme fragmentaire, résolument audacieuse et contemporaine. En 240 textes brefs, Maggie Nelson analyse sa passion pour la couleur bleue. Elle convoque l'art, la philosophie, la science ou la littérature pour donner des contours à son addiction au bleu, mais aussi des bribes de quotidien, tel objet qui l'émeut, telle lumière, telle encre: "je rédige ceci à l'encre bleue, de manière à me souvenir que tous les mots, et non pas juste certains, sont écrits sur l'eau".

Surtout, Maggie Nelson lie le bleu à des émotions, "ces embrasements douloureux" de la solitude. Le bleu est la couleur des démons qui l'assaillent, du blues, des blessures d'une amie accidentée, d'un amour qui finit et dont le deuil est impossible.

En déclinant les infinies nuances du bleu, Maggie Nelson offre un texte érudit mais qui n'oublie jamais d'être sincère, et qui creuse si profond dans l'intime qu'il en devient universel.

Bleuets est un livre consolant et inspirant. Chaque lecteur y glanera des bribes dont il pensera qu'elles ont été écrites pour lui seul: c'est la magie des grands livres.

 

Éditions du Sous-Sol, traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy, 14.50 €btn commande

 

bleuets - joan mitchell - centre pompidou

coeur angleterre - coeL'avis de Régis:

Que dire encore de Jonathan Coe qui ne soit déjà dit, écrit, répété? Comment chroniquer un tel livre sans reprendre les formules toutes faites: «roman d’une génération», «roman du Brexit», «satire politique»? Peut-être écrire simplement que l’auteur culte de notre jeunesse (avec Testament à l’anglaise ou La maison du sommeil) nous éblouit une fois encore avec Le cœur de l’Angleterre.

Parfaitement traduit par la grande Josée Kamoun (traductrice par ailleurs de Richard Ford, John Irving, Jack Kerouac ou Philip Roth… excusez du peu!), ce roman s’impose comme un très grand cru de l’année. En près de 600 pages, Jonathan Coe «attrape» la vie comme personne, nous montre nos semblables, et surtout nous parle de nous, de notre monde. De nos espoirs et de nos désillusions.

D’avril 2010 à septembre 2018, nous renouons avec les personnages de Bienvenue au club et Le cercle fermé: Benjamin Trotter et sa sœur Loïs, son ami Doug, sa nièce Sophie et de très nombreux seconds rôles auxquels Jonathan Coe insuffle une présence peu commune. Toutes et tous sont aux prises avec une Angleterre en crise: les inégalités se creusent, la classe politique baigne dans l’entre-soi, le populisme gagne du terrain et libère la parole raciste. C’est l’euphorie collective et éphémère des J.O. de Londres, c’est surtout la terrible et fatale époque du pré-Brexit.

Le génie de Jonathan Coe, et ce qui en fait un immense écrivain, est de ne pas faire de tout cela un roman à thèse, un roman journalistique comme il y en a tant. De livre en livre, il nous montre combien la chose politique est étroitement liée à l’intime, à notre part la plus secrète. Mais ses romans, et ce Cœur de l’Angleterre en particulier, s’attachent plus que tout à dire LA vie, tellement plus complexe et multiple qu’un référendum, quel qu’il soit.  Les premières amours qui ne passent pas, les amitiés qui durent toujours, les regards en coin, les silences regrettés… Lui seul a le don de dire tout cela, de pénétrer dans l’épaisseur de nos quotidiens.

Et avec une nonchalance, une mélancolie et un humour tellement, tellement… british ! Régalez-vous: lisez Jonathan Coe !    

Gallimard, traduit de l'anglais par Josée Kamoun, 23 €

btn commande

cookie comme une version artyL'avis d'Adrien :

«  Je ne suis pas délurée. Je passe mon temps à me prendre les pieds dans des situations qui m'obligent à l'être, c'est tout.  » C'est ainsi que se définissait Cookie Mueller et cela semble assez juste à la lecture de ces chroniques où l'on suit ses péripéties sex, drugs & rock'n'roll. cookie traverse en eau claire
Elle fut hippie à Haight-Ashbury, haut lieu de divers faits d'armes à San Francisco, égérie de John Waters dans les années 1970, chroniqueuse santé pour le East Village Eye, critique d'art pour Details, strip-teaseuse à New York et Newark, mère de famille, junkie invétérée et je pense qu'on peut le dire à lecture de ces excellents recueils, trash, drôles, et très humains, une grande autrice !
Seul le ciel ne lui est pas tombé sur la tête (et encore !) mais elle fonce dans tout ce qu'elle entreprend, le dépeint avec du recul et une distance savoureuse, burlesque et plutôt lumineuse.
"Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir", en poche aux éditions 10/18, est paru initialement aux éditions Finitude qui viennent de sortir le second recueil "Comme une version arty de la réunion de couture". Avec en prime, une super traduction de Romaric Vinet-Kammerer, on en redemande  !

btn commande

Traversée..., 10/18, traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Romaric Vinet-Kammerer, 7.65 €

 

Comme une version..., Finitude, même traducteur, 17.50 €

btn commande